Ces derniers jours ont été marqués par les atermoiements de Trump sur les tarifs douaniers. Un jour il impose des droits de douane très élevés au Canada et au Mexique, moins élevés pour la Chine, puis il revient sur les sanctions vis-à-vis des pays de l’accord de libre échange nord américain. Une telle stratégie est une source de confusion et d’incertitude.
Même si elle n’est pas encore aboutie, elle a déjà des conséquences majeures sur les indicateurs macroéconomiques aux Etats-Unis. Le solde extérieur s’est franchement dégradé en janvier en raison de la très forte progression des importations. On doit y voir une volonté d’acheter des produits étrangers avant que les tarifs ne s’appliquent.
La Fed d’Atlanta qui mesure quasiment chaque jour l’allure du PIB suggère que ce choc pourrait tirer l’évolution du PIB en territoire négatif au premier trimestre.
Les économistes redoutent ce risque d’escalade des tarifs. En 1930, le président américain Hoover signe un décret autorisant une hausse spectaculaire des droits de douane US (Smoot-Hawley). Associée à une politique monétaire trop restrictive, ces tarifs ont été un élément majeur de la transmission de la récession américaine au reste du monde. Cela a notamment entraîné des mesures de rétorsion, particulièrement dans les pays alliés qui se sont sentis trahis. Certains pays ont voulu négocier. Quelque soit la stratégie, l’impact a été un recul fort du commerce mondial et des exportations américaines.
Il n’est clairement pas souhaitable d’entrer dans un schéma similaire. Le monde est vraiment très interdépendant après 30 années d’approfondissement des échanges. Très rapidement cela se traduirait par des pénuries qui auraient des conséquences redoutables. On se souvent de ce qui s’était passé en 2021 sur les semi-conducteurs. On ne souhaite pas que la stratégie de Washington sur ces mêmes semi-conducteurs aboutisse à un cadre désordonné et déséquilibré.
Un autre point à souligner est la réaction vive du Canada et du Mexique mais une attitude plus modérée de la Chine. Les premiers ont obtenu un sursit, pas la Chine.
L’Empire du milieu subit depuis 2017 les chocs successifs des hausses de tarifs. Ils sont désormais à 33% contre simplement 3% en 2017 avant les premières mesures Trump.
La Chine a pris des mesures de rétorsions mais n’a pas été négocier dans le bureau ovale pour ne pas prendre le risque d’être pris pour cible. Un chinois ne veut jamais perdre la face et ne souhaite pas en conséquence prendre le risque de paraître comme une marionnette dans un show télévisé.
Cependant, la Chine ne croit pas à la négociation sur la Fentanyl et que ce n’est qu’un prétexte. Le plus important est que la Chine a un horizon plus long que les gesticulations immédiates. Les choix sont faits pour longtemps et s’inscrivent dans la durée. La Chine persuadée de ses choix notamment sur la technologie imagine qu’elle gagnera dans la durée.