Le monde bousculé est à la recherche d’un nouvel équilibre.
Trois dimensions d’analyse
Économique
Le cadre macroéconomique, centré sur les États-Unis depuis la Deuxième Guerre mondiale et surtout depuis la chute du mur de Berlin, ne peut plus avoir le même périmètre. La Chine déborde de ce champ, obligeant le reste du monde à s’adapter. La réponse américaine depuis le premier mandat de Donald Trump est une forme d’isolationnisme.
Politique
La puissance politique de la Chine a imposé à Washington de réviser sa géographie militaire. Sous l’administration Biden, l’Europe restait un point d’ancrage de la stratégie américaine. Cela pourrait ne plus être le cas dorénavant. Pour les Européens, c’est une rupture, car les besoins de sécurité que cela entraine ordonnent à des arbitrages budgétaires majeurs.
Ces deux premières dimensions incitent à plus d’autonomie, notamment pour l’Europe. C’était le sens du rapport Draghi, c’est l’orientation encore une fois expliquée dans un discours du 14 mai à Coimbra au Portugal. L’Europe doit innover en investissant, en dérèglementant et en devenant plus agile.
Aux États-Unis, la volonté politique depuis l’Inflation Reduction Act d’août 2022 est d’inciter les entreprises du monde entier à s’installer sur le territoire américain. La politique des droits de douane est dans la continuité.
La Chine doit renforcer sa dimension locale pour disposer d’un marché intérieur plus robuste et accentuer son influence dans sa région tout en gardant sa mainmise là où elle est le premier partenaire commercial, en Afrique ou en Amérique latine.
Financière
C’est celle qui peut être la plus disruptive. Le développement de l’économie financière depuis le début des années 1980 a donné aux États-Unis et au dollar un poids considérable. C’est l’hégémon qui assure la stabilité économique et financière du monde. Cela a bien fonctionné jusqu’à maintenant, avec notamment une banque centrale très active. La question ouverte est celle de la volonté de Washington de continuer dans cette voie alors que l’économie mondialisée et la politique globale se recomposent.
Washington peut conserver son statut d’hégémon et garantir la stabilité financière pour faciliter sa propre stabilité, mais la Chine restera un concurrent de premier ordre qui bousculera le leader.
Washington peut aussi décider d’« abandonner » le dollar dans un accord de Mar-a-Lago et qu’il ne représente plus l’ancre de la finance internationale et la source de la stabilité, alors l’économie mondiale va tanguer en l’absence de prêteur en dernier ressort. Le piège de Kindleberger pourrait se refermer tandis que ni l’Europe ni la Chine ne sont capables de prendre le relais rapidement au risque du chaos.
Les dimensions financières, du statut du dollar et de l’indépendance de la Fed seront à surveiller plus que les indicateurs conjoncturels.
Le document reprend l’ensemble des posts parus cette semaine sur ce thème.
Bonne lecture