Au premier trimestre 2014, le total de bilan de la BCE est plus réduit que celui de la Fed. Exprimé en pourcentage du PIB, le bilan de chaque institution monétaire est proche de 23%.
Les différences de stratégies monétaires sont très perceptibles sur le graphe et notamment le gonflement temporaire du bilan de la BCE avec les deux opérations de LTRO de la fin 2011 et du début 2012. La Fed n’est quasiment jamais revenu en arrière. On ne peut échapper à l’interprétation qu’en tendance, la politique monétaire est nettement plus accommodante de l’autre côté de l’Atlantique. Spontanément cela suggère qu’il est peu probable d’avoir une monnaie européenne qui se déprécie dans ses conditions puisque l’offre de monnaie de la zone Euro a tendance à se réduire relativement à celle de la monnaie américaine.
On peut aussi calculer l’impact des 400 Mds d’euros du TLTRO qui sera mis en place par la BCE en septembre et en décembre 2014 (voir ici pour le détail). On peut calculer la hausse du bilan, exprimé toujours en pourcentage du PIB, en les additionnant au bilan actuel. Pour simplifier et éviter des distorsions supplémentaires j’ai conservé la valeur nominale du PIB du premier trimestre. Le bilan de la BCE dans ces conditions gagne 4.1%.
Cependant dans le même temps le bilan de la Fed va continuer de croitre car le QE3 est toujours actif même si le montant des achats diminue à chaque réunion de la Fed. Au mois de mai, le montant acheté était encore de 45 Mds de dollars. Si les achats se réduisent selon la logique observée jusqu’à présent, la Fed achètera encore 190 Mds (sans intégrer les intérêts perçus). En prenant encore une fois le PIB du premier trimestre 2014 comme référence, le bilan de la Fed n’augmenterait que de 1.1%.
L’écart entre les deux bilans qui est actuellement de 1.2% en faveur des américains, passerait à 1.8% en faveur de la BCE. Sera-ce suffisant pour inverser les logiques financières?
On peut s’interroger mais les perspectives différenciées quant aux attentes de taux d’intérêt, la BCE ne remontera ses taux que bien après la Fed, pourraient enfin être un peu plus favorable à la zone Euro et peser un peu sur la valeur de la monnaie européenne. Mais en raison d’un surplus extérieur fort, la baisse de la monnaie européenne ne serait pas spectaculaire. Elle se situerait alors dans la zone 1.30-1.35 plutôt que 1.35 – 1.40 dans laquelle elle se situe depuis le mois de septembre dernier.