Verbatim de ma chronique du jour
Ce sera peut être lundi prochain. C’est la conclusion que l’on peut avoir après l’échec de la négociation entre la Grèce et ses partenaires de l’Eurogroup. Ce meeting supplémentaire était présenté comme celui de la dernière chance. Il y aura donc une dernière dernière chance lundi prochain.
Ce qui est préoccupant est qu’un communiqué commun n’a pas pu être trouvé. A la dernière minute le gouvernement d’Athènes a mis un véto sur un projet qui semblait convenir à tous y compris à Yanis Varoufakis le ministre des finances grec qui était à Bruxelles pour la négociation.
Le bras de fer continue entre le premier ministre Alexis Tsipras et les autres gouvernements européens. C’est aussi cela qu’il faut retenir ; la négociation est très politique car en cas d’échec dans la négociation avec ses partenaires, Tsipras doit pouvoir conserver le pouvoir en Grèce et maintenir la stabilité de celui-ci. Dans la négociation il y a donc une problématique financière de la Grèce face à ses partenaires mais il y a aussi une problématique politique interne qui en cas d’échec de la négociation européenne sera majeure. Tsipras veut jouer sur ces deux tableaux et c’est aussi pourquoi le bras de fer est aussi rude. S’il lâche trop rapidement vis à vis de l’Europe il perdra une partie de son support en interne.
L’enjeu est toujours le même mais l’urgence s’accentue car l’échéance pour la Grèce est le 28 février. Les engagements pris par la Grèce vont se traduire en 2015 par des montants de remboursements considérables. Il y a ceux vis à vis du FMI qui pour l’ensemble de l’année seront d’un montant de 9.8 Mds répartis de façon homogène tout au long de l’année. Il y les échéances de juillet et aout vis de la BCE dans le cadre du portefeuille SMP. Le montant sera de 6.7 Mds. Il y aussi la nécessité de renouveler les bons du trésor de court terme détenus principalement par les banques grecques pour un montant total de 14.5 Mds soit entre 1.4 et 2 Mds par mois. (Source Silvia Merler)
La Grèce a besoin de trouver une solution pour faire face à l’ensemble de ces échéances. Elle est d’autant plus pressée que ses ses rentrées fiscales s’infléchissent. Un échec pourrait aussi accélérer les sorties de capitaux avec des risques de panique bancaire.
Pour que la Grèce ne soit pas en défaut il faut qu’une solution soit trouvée lors de la réunion de lundi prochain. Pour éviter que la zone Euro ne se retrouve face à un partenaire incapable de tenir ses engagements, il faut trouver un compromis afin de ne pas prendre le risque de créer un choc persistant sur l’Europe.
On peut toujours a priori en minimiser l’impact parce que la Grèce est un petit pays par la taille. Mais est ce que la zone Euro ne serait pas alors rentrée dans une phase de défiance quant à la solidité de sa construction de la part de ses partenaires internationaux?
La date de lundi prochain est donc cette date qui marquera soit une nouvelle étape de solidarité et d’intégration au sein de la zone Euro soit la première vrai et large fissure de la construction européenne.
Addendum: Après une discussion avec Cyrille Lachevre ( @CyrilleLachevre) je pense que la volonté de gagner du temps de la part des grecs traduit leur volonté d’acculer les européens en raison des conséquences négatives fortes et durables que provoqueraient une sortie de la Grèce de la zone Euro. Ils espèrent qu’à la fin les membres de la zone Euro lâcheront et que la négociation prendra un tour qui leur deviendra favorable parce qu’il n’y aura plus le choix.