Verbatim de ma chronique du jour
La politique monétaire de la BCE veut, dans la durée, maintenir des taux d’intérêt très bas et peser sur la valeur de l’euro. Sur ces deux aspects, elle vise à accroitre les dépenses présentes des consommateurs et des entreprises plutôt que de les voir être reportées dans le temps. La zone Euro souffre d’une dynamique interne insuffisante et donc de dépenses immédiates trop réduites pour caler l’activité sur une trajectoire plus ambitieuse. Cependant, cela n’est pas suffisant pour permettre à l’économie de la zone Euro de converger vers ce cycle vertueux. Il faut pouvoir trouver le relais entre aujourd’hui et demain. Ce lien tant pour les entreprises que les ménages est le crédit.
Le souhait de la BCE est que les acteurs de l’économie dépensent davantage maintenant mais aussi qu’ils inscrivent ce comportement dans la durée, d’où l’accent mis sur le crédit.
C’est avec cette idée que la BCE a interrogé les banques commerciales lors de son enquête trimestrielle. Les autorités monétaires européennes ont souhaité connaitre de façon plus précise l’impact de la stratégie monétaire menée sur le comportement de distribution de crédit des banques. L’enquête s’est concentrée sur l’effet des achats d’actifs mis en œuvre depuis l’automne dernier. Cela a commencé avec les achats d’obligations sécurisées (covered bonds) et d’ABS puis s’est poursuivi, depuis le début du mois de mars, par des achats d’obligations souveraines et d’agences sur le marché secondaire.
D’une manière générale, les banques interrogées suggèrent que leur situation s’est améliorée de façon significative et que dans les six mois à venir cette amélioration pourrait s’accentuer. Néanmoins, les banques soulignent que l’impact sur les marges d’intérêt de la politique monétaire mise en oeuvre par la BCE est très pénalisante pour leur profitabilité. Elles indiquent que cette dégradation va se poursuivre.
Il ressort de cette enquête que la liquidité des banques s’est accrue de façon significative. Les sources sont soit une amélioration résultant de la vente d’actifs soit par une hausse des dépôts des ménages et des entreprises.
Associé à ce phénomène, les banques indiquent que cette liquidité supplémentaire a été utilisée principalement pour supporter la mise en oeuvre de crédits supplémentaires tant auprès des entreprises que des ménages. Elles anticipent que cela va s’accentuer dans le futur. Parmi les autres conséquences, les banques indiquent une faciliter de refinancement et des achats d’actifs. Le premier effet est significatif, le second est plus réduit.
Cette situation se traduit aussi par une amélioration des conditions de crédit tant vis à vis des ménages que des entreprises.
L’enseignement de l’enquête est que dans cette opération d’achat d’actifs par la BCE, les banques y trouvent leur compte. Leur situation s’améliore et la dynamique des crédits est plus vive. On peut imaginer dès lors que la transmission de la politique monétaire s’est améliorée de façon significative et que la dynamique du crédit qui était nettement insuffisante va progressivement combler son retard.
Le point noir porte néanmoins sur la réduction de la profitabilité en raison de la baisse des marges d’intérêt. Dès lors la question que peuvent se poser les banques est celle de la mise en œuvre de crédits qui peuvent être d’une durée longue et associés à une rémunération réduite. Est ce que les banques vont avoir longtemps l’envie de prendre dans leur bilan des crédits risqués et peu rémunérateurs qui dans le futur pourraient être perçus comme une contrainte forte ?
Cette question qui tarabuste les banquiers ne doit pas faire oublier l’objectif de la BCE qui est de redonner du dynamisme à l’économie de la zone Euro. L’économie moribonde doit faire place à une économie en croissance, c’est le souhait de la BCE même si cela peut être pénalisant pour le secteur bancaire. A la BCE d’être suffisamment convaincante pour que le secteur bancaire et financier s’inscrive dans cette logique.