Verbatim de ma chronique du jour
La lecture rapide de la note d’Eurostat sur l’évolution des finances publiques au sein de la zone Euro suggère que la réduction des déficits publics est enfin en marche et que la stabilisation des dettes publiques est proche. Le déficit public au sein de la zone euro est passé de 2.9% du PIB à 2.4% de 2013 à 2014. La commission européenne tiendrait enfin son succès avec une zone euro qui deviendrait vraiment vertueuse.
On peut avoir quelques doutes sur cette question
Le premier est que la croissance est restée modeste. La croissance nominale a été de 1.8% soit grossièrement 0.9% de volume et 0.9% d’évolution des prix. Mais avec des trajectoires peu homogènes durant l’année. Si la croissance en volume s’est accélérée notamment via la consommation c’est en grande partie en raison de la baisse du prix de l’énergie. En revanche, l’évolution des prix à la consommation a eu tendance à se réduire même lorsque l’on enlève les prix de l’énergie. La question de la déflation reste prégnante ce qui suggère que la réduction du déficit n’a pas résolue les déséquilibres de la zone
La seconde remarque est que parmi les grands pays, seule l’Allemagne a connu une franche amélioration de ses finances publiques. Son solde budgétaire est passé de d’une surplus de 0.1% en 2013 à un surplus de 0.7% du PIB en 2014. C’est pour cela que l’Allemagne doit avoir les capacités de doper sa demande interne afin de soutenir la croissance européenne.
Pour les autres grands pays de la zone Euro, le profil des déficits n’est pas identique. En France la réduction du déficit budgétaire a été de 0.1% passant de 4.1% du PIB à 4% en 2014. En Italie, le déficit public s’est creusé de 0.1% passant de 2.9% à 3% et en Espagne il s’est réduit de 1% à 5.8% du PIB en 2014.
La troisième remarque est que si la croissance nominale a été robuste en Allemagne à 3.3%, elle a été modeste dans les 3 autres pays. En France, elle a été de 1.3%, en Italie de 0.4% et en Espagne de 0.9%. La combinaison très réduite des évolutions en volume et en prix dans ses trois économies montrent que les déséquilibres n’ont pas été résorbés.
L’obsession de réduire les déficits publics et de stabiliser les dettes publiques alors que la dynamique de croissance est tirée principalement par le secteur privé est excessive. Elle repose sur l’idée que la croissance du secteur privée repartira quoiqu’il arrive, or cela n’a pas fonctionné. C’est pour cela que la zone euro s’est retrouvée coincée dans une longue période de croissance médiocre. Elle a mis l’accent sur le rééquilibrage des finances publiques alors que le secteur privé ne parvenait pas à retrouver une dynamique solide. Dès lors la réduction des déficits publics s’est traduit par une évolution médiocre de l’activité avec un PIB en volume au 4ème trimestre 2014 au même niveau qu’au 1er trimestre 2011.
Dans la note d’Eurostat, le chiffre allemand cache la forêt de autres grands pays. Par ailleurs, si la politique budgétaire européenne était davantage intégrée, ce chiffre de 2.4% pour l’ensemble de la zone Euro aurait du sens mais on a bien vu durant cette crise que la coordination n’était pas la vertu première de la stratégie budgétaire européenne. Donc regardons les données pays par pays et l’on s’aperçoit qu’à l’exception de l’Allemagne et de petits pays la question budgétaire n’est toujours pas réglée en Zone Euro.