La dynamique du marché du travail se dégrade. Le nombre d’entrées à Pôle Emploi s’est vivement accéléré depuis le début de l’année 2014. En avril les entrées sont à un niveau record, plus haut qu’en 2009 et 2010. Il y a un changement de régime préoccupant.
Le graphe ci-dessous retrace le niveau mensuel et en moyenne sur 3 mois des entrées à Pôle Emploi.
Parmi les sources de hausse, il faut trouver celles qui sont discriminantes.
Ce ne sont pas les hausses de fin de CDD, de missions d’intérim et de licenciements économiques. Ces indicateurs progressent un peu sur le mois mais pas dans de telles proportions et la tendance globale est à la baisse (voir le graphique plus bas)
Ce ne sont pas les autres licenciements qui évoluent peu sur le mois (voir graphique)
Ce ne sont pas non plus les démissions (voir graphique)
En revanche, trois indicateurs augmentent rapidement
- Les premières entrées, depuis le début de l’année 2013. Cela peut traduire un effet incitatif lié aux politiques de l’emploi (emploi d’avenir)
- Le retour à l’emploi après 6 mois d’inactivité (reprise d’activité) Une hausse est constatée depuis le début de l’année
- La catégorie “Autres cas” qui est un peu fourre-tout lais qui est la catégorie qui progresse le plus vite depuis le début de l’année et qui est à l’origine de cette rupture à la hausse des entrées à Pôle Emploi. Elle comprend notamment les ruptures conventionnelles de CDI et les inscrits en provenance d’un emploi non salarié. Ces deux catégories sont celles évoquées par la Dares dans l’explication des postes d’entrées à Pôle Emploi. Sont évoqués aussi des transferts de la catégorie D des inscrits vers les catégories A, B ou C mais cette catégorie D évolue peu et ne semble pas être l’explication. (voir annexe)
C’est la catégorie “Autres cas” qui progresse le plus rapidement et l’interrogation porte sur les deux sources évoquées. En d’autres termes, est ce que ce sont des personnes dont l’entreprise personnelle a fermé et/ou est ce des personnes qui sont en rupture conventionnelle? Si c’est le cas cela reflète une autre forme de dégradation du marché du travail. Cela serait très préoccupant car cela traduirait un mode d’ajustement nouveau. Jusqu’à présent celui ci passait par les emplois à durée déterminée. C’est pour cela que suivre les indicateurs liées aux fins de CDD, de contrats d’intérim et de licenciements économiques étaient pertinents. Est ce ici une séparation à l’amiable sur des contrats en CDI et est ce aussi un tissu de très petites entreprises qui ne sont plus viables? Ce serait bien que la Dares fournisse des données plus précises afin de pouvoir disposer d’une vision plus claire du marché du travail.
En tout cas cette accélération à la hausse des entrées à Pôle Emploi n’a rien de rassurant et est très certainement la conséquence d’une croissance très lente qui oblige les entreprises à transiger sur l’emploi afin de rester viable.
Annexe
Définition de la catégorie Autres telle que définit par la Dares (A retrouver ici en haut de la page 14)
Fins de CDD, de missions d’intérim et licenciements économiques
Autres Licenciements
Démissions
Premières entrées
Reprises d’emploi
Autres Cas