Le graphe ci-dessous traduit le désarroi européen face aux questions liées à la croissance. La courbe représente la demande interne hors dépenses de consommation du gouvernement. (il n’y a pas de dissociation entre investissement privé et public pour faire apparaitre la demande interne privée).
Au premier trimestre 2014, elle est bien en dessous du niveau constaté au pic du premier trimestre 2008. L’écart est de 6.6%. Le profil récent est un peu meilleur qu’au point bas du T1 2013 mais il traduit toujours une demande interne insuffisante.
Il ne peut pas y avoir de reprise durable de la croissance sans une demande interne solide. (voir ici pour une approche plus détaillée)
Deux remarques
La demande interne est pénalisée dans plusieurs pays par une dette privée encore élevée. C’est un frein à la reprise et c’est un point d’achoppement pour la reprise. C’est une vraie différence avec les Etats-Unis où la dette privée est désormais nettement en dessous de son niveau d’avant crise. Pour plus de détails sur le rôle de la dette privée dans la reprise voir le livre d’Atif Mian et Amir Sufi (The House of Debt). Voir ici
La deuxième remarque est que la graphe montre qu’il n’y a pas une forte volonté ou capacité de dépenser du secteur privé.
Les dépenses publiques ont donc un rôle fort dans la dynamique de l’activité. Les réduire de façon très rapide et sur une échelle importante serait prendre le risque de réduire encore davantage la demande adressée aux entreprises et prendre le risque d’une nouvelle récession.
Tant que la demande interne n’aura pas retrouvé une dynamique plus forte, la croissance restera fragile. C’est dans cette optique que le pacte de responsabilité français dont l’objectif initial était de soutenir l’investissement productif a du sens. Mais réduire les dépenses gouvernementales trop rapidement c’est prendre le risque d’un ralentissement de l’activité et d’une hausse du chômage. Pas sûr que ce soit le moment.