La situation de la zone Euro reste préoccupante. Les données de production industrielle se sont repliées au mois de mai en Allemagne, en France, en Italie, en Espagne mais aussi au Royaume Uni. De la sorte l’acquis de croissance pour le deuxième trimestre est, à fin mai, négatif en Allemagne, en France et en Italie.
Les enquêtes auprès des entreprises pour le mois de juin ne reflètent pas d’inversion de tendance. Les chiffres de croissance du PIB attendus pour le deuxième trimestre en zone Euro pourraient être révisés à la baisse. On attendra le chiffre de la production industrielle de la zone Euro (publié le 14 juillet) pour éventuellement modifier notre chiffre de croissance du deuxième trimestre.
Pour la France plus spécifiquement le repli de la production industrielle a été fort et sans rebond marqué au mois de juin (peu probable au regard des enquêtes auprès des industriels), le chiffre de croissance sera proche de 0% au deuxième trimestre. Il pourrait être négatif.
Le chiffre d’inflation de 0.5% en France pour le mois de juin indique une réduction supplémentaire des tensions au sein de l’appareil productif.
D’une manière générale, la reprise au sein de la zone Euro est très limitée et parfois introuvable comme en France et en Italie. Les mesures prises par la BCE au début du mois de juin ne seront surement pas suffisantes pour inverser la tendance et alimenter davantage la demande interne. La dynamique de celle-ci est encore insuffisante et ne permet pas d’imaginer une croissance autonome de la zone.
Sept ans après le début de la crise les ménages restent très endettés (voir ici) et la demande adressée aux entreprises s’étiole (voir le 4ème graphe sur ce post). On ne peut plus faire l’hypothèse que la parité de l’euro sera durablement plus bas pour doper notre compétitivité et notre production. Il faut donc modifier profondément la façon dont l’activité évolue en zone Euro. L’Allemagne l’a fait il y a une dizaine d’années et cela se traduit par un emploi élevé et un taux de chômage réduit. L’Espagne a commencé mais la France et l’Italie sont en retard. Il y a beaucoup d’attentes autour de Mattéo Renzi mais ce ne sont pour l’instant que des attentes. La France est en retard et le sommet social du début de semaine n’a pas convaincu. En aucun cas, ce sommet s’est transformé en une dynamique collective. Il est donc peu probable qu’il y ait rapidement un changement de tendance. L’horizon économique des consommateurs ou des entreprises ne s’allonge toujours pas et ne permet pas de prendre des risques. Dans la France aujourd’hui on ne voit pas très bien comment relancer une dynamique collective. On le faisait sans sans en apercevoir durant les trente glorieuses, ce n’est plus le cas aujourd’hui et l’on a bien du mal à définir les priorités pour la remettre en route.
Production industrielle en zone Euro et au Royaume Uni
Le premier graphe montre l’évolution mensuelle de la production industrielle dans les principaux pays européens. Le profil général ne donne pas le sentiment d’une reprise soutenue de l’activité.L’acquis pour le deuxième trimestre, à fin mai, est positif en Espagne (+1% après +0.7% au T1) et au Royaume Uni (0.2% après 0.7% en T1). Il est négatif en France (-1.15% après -0.6% en T1), en Allemagne (-1.1% après +0.8% en T1) et en Italie (-0.7% après 0% en T1).(taux non annualisé)
Le deuxième graphe présente les indices de production industrielle depuis 2008. On ne perçoit nulle part d’accélération forte de l’activité. A nouveau l’Espagne et le Royaume Uni ont une allure plus haussière. En revanche le profil est très négatif pour la France. Le niveau de son indice de production industriel est juste 3.7% au dessus du point bas d’avril 2009 mais 15.3% au dessous du niveau constaté au premier semestre 2008.
Le troisième graphe indique la cohérence entre l’évolution sur 3 mois de la production industrielle de la zone Euro et le ratio Nouvelles Commandes sur Stocks de l’enquête Markit pour le secteur manufacturier. La demande adressée aux entreprises s’étiole et cela pénalisera la production industrielle au cours des prochains mois.
Le cas de la France
Les chiffres français publiés ce matin pour le mois de mai indique un ralentissement marqué de l’activité industrielle au deuxième trimestre. L’acquis est de -1.15%. Sans inversion de tendance cela devrait se traduire par un chiffre nul ou négatif pour la croissance du deuxième trimestre si l’on suit la régularité du graphique ci dessous.
Généralement lorsque l’évolution de la production industrielle est négative et inférieure à -4% le PIB se contracte. C’est le cas au deuxième trimestre où l’acquis est de -4.5% en taux annualisé (le 1.15% non annualisé). Si le PIB est à 0 en T2, l’acquis ne serait que de 0.3% pour la croissance et un chiffre de 0.5% pourrait être attendu pour l’ensemble de l’année 2014. Loin du 1% du gouvernement et du redressement des finances publiques qui accompagne cette prévision de 1%.
Cette dynamique industrielle ne va pas spontanément s’inverser en France. Le graphique suivant montre l’évolution de la production industrielle en variation sur 6 mois et le ratio des nouvelles commandes sur stocks dans l’enquête Markit. Ce ratio en juin chute sous le seuil de 1. Les commandes sont trop faibles pour spontanément déclencher une dynamique de production supplémentaire au regard des stocks existants.
La production devrait continuer de ralentir au cours de l’été.
Evolution de l’inflation
Le premier graphique rappelle l’évolution de l’inflation dans les principaux pays de la zone Euro jusqu’au mois de juin. A l’exception de l’Allemagne l’évolution des prix reste très lente. La faible progression de l’activité ne devrait pas se traduire par un changement de tendance très rapide. La recherche de compétitivité qui se traduit par des pressions à la baisse sur les coûts ne va pas non plus dans le sens d’un changement de tendance rapide.
Dans le cas particulier de la France, le taux d’inflation recule en juin à 0.5% contre 0.7% en mai. Pour l’ensemble de l’année l’acquis d’inflation à la fin du mois de juin n’est que de 0.6%. Le taux d’inflation sous-jacent calculé par l’INSEE est de 0.1%.
Bien sûr il y a un effet saisonnier car les soldes ont démarré un peu plus tôt que l’an dernier, mais cela n’explique pas ce chiffre très bas.
(le chiffre d’inflation est de 0.5% selon l’INSEE et de 0.6% si l’on regarde l’indice harmonisé. Les pondérations ne sont pas les mêmes d’où cet écart)
La décomposition par grands secteurs montre que seul le secteur des services a une contribution franchement positive. Cette contribution reste cependant bien inférieure à ce qui était observé avant la crise. Elle reste positive car ce secteur est très domestique et est moins exposé à la concurrence que d’autres comme le secteur manufacturier.Les produits alimentaires et les biens manufacturés ont une forte contribution négative et l’énergie est quasi-neutre.