Deux graphes illustrent les incertitudes majeures sur la conjoncture globale.
Le premier concerne les sources de la croissance mondiale et le second, plus spécifique à la zone Euro illustre les inquiétudes de Mario Draghi telles qu’il a pu les exprimer à Jackson Hole et au cours de la conférence de presse de jeudi dernier après la réunion de la BCE sur la politique monétaire.
Le premier graphe est celui des indices PMI et ISM pour le secteur manufacturier. Il reprend un graphique souvent présenté ici avec les différents grands pays ou grands agrégats.
En Août, de façon plus marquée qu’en Juillet, seuls les Etats-Unis connaissent une dynamique haussière. Tous les autres indices se regroupent un peu au-dessus de 50 (seuil qui sépare la hausse de la baisse de l’activité du secteur).
L’indice britannique chute très rapidement, les indices émergents et BRIC sont faibles notamment en raison du nouveau ralentissement de l’économie chinoise (son indice est passé de 51.7 en juillet à 50.2 en août). L’indice de la zone Euro est en queue de peloton avec un indice indiquant une faible progression à 50.7. Seul le Japon rebondit à 52.2 mais après la chute brutale du mois d’avril lors de la hausse de la TVA. Au regard de la baisse continue de la consommation des ménages je ne suis pas sûr de l’effet fort et durable de ce rebond.
Les Etats-Unis connaissent une dynamique très robuste (voir mon commentaire spécifique ici) mais les autres régions même si les indices sont supérieurs à 50 ne progressent pas rapidement et ne créent pas une situation reflétant la possibilité d’une accélération rapide de l’activité manufacturière et la possibilité d’alimenter le commerce mondial (voir ici sur les derniers chiffres disponibles).
Les Etats-Unis ne pourront pas tout seuls tirer la croissance mondiale à la hausse. Une croissance de 2.5% à 3% n’est pas suffisante pour cela. Il faut que d’autres régions prennent le relais. A court terme, le graphique ne nous renseigne pas beaucoup sur les candidats potentiels.
A moyen terme, la baisse du prix du pétrole reflétant le manque de demande et des conditions financières toujours accommodantes peuvent laisser imaginer une amélioration des perspectives. Il ne faudrait pas cependant que ni la Banque d’Angleterre ni la Fed n’interviennent trop tôt sur leurs taux d’intérêt respectifs.
En tout cas ce n’est pas la BCE qui fera le premier pas. Le second graphe illustre la dynamique de la demande interne en zone Euro. A Jackson Hole et lors de sa conférence de presse le 4 septembre, Mario Draghi s’est inquiété à nouveau de son évolution comme source majeure de la fragilité de la croissance de la zone (relisez ses conférences de presse pour noter que ce n’est pas un souci récent pour lui).
Cette demande est le support principal de la croissance. Elle n’est pas au rendez vous depuis 2008 (elle est toujours 4% au dessous du niveau du premier semestre 2008) et tant qu’elle ne connaitra pas une allure plus robuste, il ne faut pas espérer connaitre une période de croissance durable au sein de la zone.
Les dépenses gouvernementales ont eu un rôle au début de la crise mais on observe que depuis 2010, celles ci n’accélèrent plus (voir ici la comparaison avec la France). Les dépenses des ménages sont réduites et l’investissement a tellement chuté qu’il présente un risque de décélération supplémentaire de la croissance potentielle.
Le soutien de la demande souhaité par Draghi c’est juste le moyen de retrouver un peu de croissance, de recaler l’économie de la zone Euro sur une trajectoire plus solide que celle connue récemment. La politique d’offre qu’il évoque c’est pour tenter de créer une dynamique plus robuste sur l’investissement et créer les conditions d’une reprise à moyen terme.
Mais au regard des rigidités observées partout en zone Euro, ce n’est pas gagné même avec un taux d’intérêt à 0.05%