Le premier point est la divergence confirmée entre les conjonctures américaine et de la zone Euro.
Aux USA, l’indice ISM global, moyenne pondérée par l’emploi des indicateurs synthétiques des secteurs manufacturier et non manufacturier, est à nouveau à un niveau très élevé (59.2)permettant d’être optimiste sur le profil à venir de l’économie américaine.
Le même indicateur en zone Euro avec la même méthodologie est passé sous le seuil de 50 indiquant une possible contraction de l’activité.
(On note que sur le graphe, les Etats-Unis et la zone Euro ont une trajectoire identique en 2009 et 2010. Les divrgences de politique économique ont fait le reste depuis)
Le constat a un impact immédiat sur les anticipations relatives à la politique monétaire.
On s’interroge déjà aux USA sur une possible remontée des taux d’intérêt voire une accélération par rapport à ce qui était déjà attendu.
En revanche en zone Euro on peut s’inquiéter de cette inflexion conjoncturelle et de l’absence d’initiative en matière de politique économique.
On ne peut pas avoir une attitude fataliste qui déboucherait soit sur l’idée que l’économie suivrait une voie basse comme c’est le cas actuellement soit sur l’idée qu’elle puisse retrouver spontanément de la croissance et de l’allant.
Il faut trouver les moyens d’intervenir pour infléchir rapidement la trajectoire de l’économie de la zone Euro. Le risque en cas d’inaction est celui d’une plus grande instabilité sociale et politique reflet de comportements de repli sur soi.
Mario Draghi à la tête de la BCE a cette idée à l’esprit de vouloir trouver les moyens de bouleverser la dynamique actuelle.
Cependant, malgré la dégradation conjoncturelle, la faible inflation de novembre et la révision à la baisse des prévisions de croissance de 2015 et 2016 il se heurte à beaucoup de résistance. Personne ne semble vouloir franchir le pas.
Le conseil de la BCE semble très partagé avec 3 membres favorables à la mise en place d’une politique plus agressive, on retrouve Mario Draghi, Vitor Constâncio et Peter Praet et 3 membres opposés ou qui s’interrogent: Sabine Lautenschlager, Benoit Coeuré et Yves Mersch (voir ici)
L’enjeu est majeur et il faut que la BCE mette en place un cadre plus agressif (QE sur dette souveraine) afin d’éviter le risque de rupture.
Ce point est d’autant plus important qu’en Allemagne, Hans Werner Sinn, le patron de l’IFO, suggère que l’application de la stabilité des prix inscrite dans le traité constitutif de la BCE devrait se traduire par une cible à 0% d’inflation et non pas la cible de 2% que s’est donnée la BCE et qui ne figure pas dans le traité.(itw dans FAZ)
Avec ce type de raisonnement on marche sur la tête et donne le sentiment que l’on cesse de raisonner quand on parle de la politique monétaire de la zone Euro désormais.
Le troisième point est l’amélioration rapide du marché du travail américain. 321 000 emplois ont été créés c’est beaucoup et cohérent avec l’accélération de l’emploi constaté depuis avril dernier. Il y a depuis cette date un changement de régime du marché du travail par rapport à ce qui a été observé au cours des 3 années précédents.
Cette robustesse est de bon aloi mais le processus reste encore lent. L’accélération récente s’inscrit dans un processus lent par rapport à ce qui avait été observé par le passé. Seulement 1.2% de hausse de l’emploi par rapport à l’emploi observé en janvier 2008 (pic d’emploi du cycle précédent). C’est faible par rapport aux profils passés
Cette hausse de l’emploi n’est pas non distribuée de façon homogène selon les secteurs. Seuls 3 secteurs (éducation et sante, services aux entreprises, loisir) ont un solde net positif par rapport à janvier 2008.
En revanche pour la construction et le secteur manufacturier le solde est toujours largement négatif avec encore environ 1 500 000 emplois de retard pour chaque secteur.
Cette hétérogénéité et un taux de salaire qui ne progresse que lentement (2.1% sur un an) s’inscrivant ainsi dans la tendance observée depuis 2010 ne devraient pas inciter la Fed à changer rapidement de stratégie car la dynamique actuelle n’est pas porteuse de tensions inflationnistes.
Pour la semaine qui s’ouvre on sera attentif aux ventes de détail américaines (jeudi) qui reflètera trois tendances distinctes: un black Friday décevant; un marché de l’automobile qui se tient bien et la baisse continue du prix de l’essence.
On aura aussi tout au long de la semaine des chiffres chinois pour le mois de novembre. Cela débutera lundi avec le commerce extérieur puis l’inflation (mercredi) et l’investissement, la production industrielle et les ventes de détail (vendredi). Ce package pour le mois de novembre donnera une idée plus précise de la conjoncture et des indications sur ce que pourrait être la politique monétaire dans les semaines à venir. Nous attendons une probable détente des taux d’intérêt.
Des indicateurs sur l’emploi aussi cette semaine avec le niveau de l’emploi en France (mercredi) et en zone euro (vendredi) pour le 3ème trimestre.
Des indicateurs sur les flux d’entrées et de sorties au sein du marché du travail américain (JOLTS)seront publiés mardi. Ils sont très regardés par la Fed car traduisant le niveau de confiance qu’ont les salariés à retrouver rapidement du travail si cela était nécessaire.
Jeudi les résultats du TLTRO de la BCE seront très attendus car conditionnant le profil à venir de la politique monétaire de la BCE.
Dernier élément à noter, la présentation de la loi de modernisation économique par Emmanuel Macron mercredi en conseil des ministres. Pas de révolution attendue sur le plan macroéconomique mais le souhait d’une plus grande efficacité microéconomique.
Bonne semaine