Verbatim de ma chronique hebdomadaire
Le premier point à retenir de la semaine écoulée est la baisse rapide et profonde du prix du pétrole qui a convergé vers les 60 dollars pour le baril de Brent.
Le second point est la bonne tenue des ventes de détail aux USA. Les ménages ont de meilleures perspectives tant sur l’emploi que sur leurs revenus. En conséquence ils dépensent davantage moins tenaillés par la peur du lendemain. Au regard des chiffres des mois d’octobre et de novembre cela présage d’un chiffre fort de la consommation des ménages au dernier trimestre et donc d’une support fort à la croissance du PIB. Pour les dépenses hors auto et essence l’acquis pour le 4ème trimestre à la fin du mois de novembre est de 5.9% en taux annualisé contre 5% pour l’ensemble du 3ème trimestre.
Le troisième point est la fragilité, à nouveau, des chiffres d’inflation et d’activité en Chine au mois de novembre.
Le taux d’inflation ralentit rapidement à 1.4% contre 1.6% en octobre et l’inflation mesurée sur les prix de production se replie encore rapidement à -2.7% contre -2.2% en octobre. Cela traduit l’absence de tensions sur l’appareil productif et se mesure par le ralentissement à nouveau de la production industrielle qui progresse nettement moins vite qu’en début d’année et par l’investissement qui continue de piquer du nez.
Deux conséquences
La banque centrale de Chine va continuer à assouplir sa stratégie monétaire en réduisant ses taux d’intérêt. La baisse supplémentaire des prix de production implique pour les entreprises un taux d’intérêt réel bien supérieur à 8%. C’est trop élevé pour des entreprises très endettées.
Le second aspect est la révision en baisse des prévisions de croissance pour l’année 2015. La banque centrale a indiqué une croissance attendue de 7.1% alors que le ministère de l’économie se positionnerait au dessous de 7%, probablement à 6.75%.
C’est très en dessous de la prévision de 7.5% qui était affichée pour 2014 (et qui ne sera pas tenue). Cela se traduira par un ralentissement supplémentaire de la demande de pétrole ne favorisant pas un retour à la hausse du prix de l’or noir.
L’opération d’apport de liquidités de la BCE via une opération de TLTRO n’a pas eu l’efficacité imaginée a priori. Le montant n’était que de 139.8 Mds en brut. Après le remboursement hebdomadaire des opérations mises en place en décembre 2011 et février 2012 l’apport net de liquidités ne sera que de 90Mds. L’atteinte d’une hausse de 1000 Mds du bilan de la BCE à l’horizon juin 2016 ne semble pas possible avec les instruments actuels. De nouvelles mesures seront nécessaires; probablement un QE sur obligations souveraines qui serait annoncé le 22 janvier lors de la prochaine réunion du comité de politique monétaire. (voir ici ou là pour plus de détails)
Hausse de l’emploi en zone Euro au troisième trimestre. C’est le troisième trimestre consécutif de progression de l’emploi.
En revanche, en France l’emploi se replie rapidement puisque la 2ème estimation est nettement plus dégradée que la première publiée il y a environ un mois (-55 200 désormais contre -34 200 dans la première estimation). Le taux d’inflation recule également à 0.3% au mois de novembre. Le taux d’inflation sous-jacent tel que calculé par l’INSEE recule à -0.2%.
L’ensemble de ces éléments traduit une dynamique interne manquant de vigueur et d’allant. La baisse du prix du pétrole pourrait améliorer cela en favorisant l’activité ce qui à terme se traduirait par un peu plus de tensions.
Mais ce sera long autant prendre le bus.
Large victoire de Shinzo Abe lors de l’élection à la chambre basse au Japon. Elle a été facilitée par une opposition fragile et prise au dépourvue. Cette victoire valide implicitement les Abenomics. Cependant le moral des ménages reste bas et les entreprises restent très prudentes notamment sur l’investissement (enquête Tankan du 4ème trimestre). Les prochaines déclaration d’Abe seront intéressantes
La question majeure cette semaine sera posée mercredi soir lors de la publication du communiqué de presse de la Federal Reserve puis durant la conférence de presse de Janet Yellen. La question sera celle du maintien ou pas de la phrase relative au “temps considérable” durant lequel les taux d’intérêt de la Fed resteront bas. Les données d’activité sont robustes mais l’absence d’inflation et de tensions nominales est une réserve dont dispose la Fed. Je reste persuadé qu’agir plutôt plus tard que trop tôt doit être la règle de la Fed car il existe encore des déséquilibres et qu’il n’est pas besoin de bouleverser les anticipations trop rapidement. On se souvient qu’en Mai 2013 la déclaration de Bernanke, alors président de la Fed, au Congrès avait fortement perturbé le marché immobilier.
On sera aussi très attentif aux élections grecques et notamment au score de Syriza. D’abord parce qu’un score élevé légitimerait son influence politique mais aussi parce que la probabilité de son accession au pouvoir n’est pas nulle. Cela se traduirait alors par une terrible remise en cause de ce qui a été décidé par la troïka dans la gestion de la crise grecque. Si Syriza arrivait au pouvoir on ne sait pas si le plus terrible serait la discussion avec Bruxelles et les nécessaires frictions qui en résulteraient ou si cela n’aboutirait pas tout simplement une remise en cause de la politique globale menée par la Commission depuis le début de la crise. Cela pourrait ouvrir la voie ou légitimer d’autres partis extrêmes en Europe.
Parmi les données on sera notamment attentif aux enquêtes IFO et INSEE auprès des chefs d’entreprise pour le mois de décembre et celle publié par Markit. En novembre l’IFO et l’INSEE d’un côté et Markit de l’autre ont eu des diagnostics opposés sur la situation conjoncturelle. Y aura-t-il convergence à nouveau en décembre?
Bonne semaine