Verbatim de ma Chronique Hebdo
Plusieurs points à retenir cette semaine
Le premier est le renouveau de l’économie espagnole. Sa croissance de 0.7% au dernier trimestre 2014 et la progression de son PIB de 2% sur un an à la fin de l’année reflète une reprise significative mais aussi des dynamiques complexes.
Après la chute brutale de son activité suite à l’éclatement de la bulle immobilière, tout est parti à vau-l’eau. La récession a été sévère et longue, le taux de chômage a progressé très vite et les finances publiques si vertueuses jusque là se sont déréglées. Les déficits se sont creusés et la dette publique a augmenté de façon spectaculaire.
Les espagnols se sont pris en main pour retrouver de la compétitivité. Cet effort s’observe lorsque l’on compare les exportations espagnoles à celles de l’Allemagne, de l’Italie ou de la France. Les exportations ibériques sont celles qui ont le plus progressé des 4 pays et de loin.
Progressivement l’économie s’est stabilisée avec une contribution des exportations qui continuait de s’accroitre créant une impulsion positive sur l’activité. En outre, les alertes de 2012 sur le statut de l’Espagne dans la zone Euro se sont calmées avec l’intervention de la BCE. Progressivement, le choc immobilier n’a plus été une source de dégradation supplémentaire, les exportations ont provoqué une impulsion et l’environnement européen s’est stabilisé. Dès lors l’incertitude qui affectait les comportements en Espagne s’est réduite.
L’Espagne avait des atouts et pouvait désormais se créer un avenir. Ce retournement a été observé en 2014. Malgré des salaires qui continuent de se contracter mais avec une inflation négative, le consommateur retrouve modestement le chemin de la dépense et l’entreprise celui de l’investissement. La demande privée redevient le moteur de la croissance espagnole. L’Etat lui a adopté une stratégie neutre.
Si la situation européenne est stabilise en 2015 en raison de l’absence de chocs supplémentaires qu’ils soient d’origine externe ou fiscal alors l’économie en Espagne pourrait disposer d’une croissance bien au delà de 2%. C’est une dynamique dans une phase de rattrapage puisque le niveau du PIB est encore 5.8% au dessous de son niveau d’avant crise et parce que le taux de chômage est encore au delà de 23%. Mais la dynamique s’installe et permettra à l’Espagne de trouver des solutions pour disposer d’un modèle de croissance efficace.
Le deuxième point à souligner est le changement de comportement des consommateurs français depuis la fin de l’année 2014. A partir de novembre les indicateurs de confiance décollent ; les ménages n’arrivaient pas à se construire un futur, cela change et leur horizon économique gagne en profondeur. Dans le même temps les dépenses de consommation repartent à la hausse. Entre octobre 2014 et janvier 2015 elles ont progressé au rythme annualisé de 10%. Cela n’était pas arrivé depuis février 2012 et à l’époque de façon très furtive. La France s’inscrit dans un environnement européen où le consommateur reprend progressivement sa place. Cela s’explique probablement en grande partie par la baisse du prix de l’énergie.
Les enquêtes auprès des chefs d’entreprise sont encore hétérogènes lorsque l’on compare la France, l’Allemagne et l’Italie. En France, l’enquête sur le climat des affaires de l’INSEE a stagné en Février alors que l’IFO allemand restait à un niveau élevé, supérieur à sa moyenne historique. La surprise est venue de l’Italie avec des chefs d’entreprise beaucoup plus optimistes. L’indice pour l’ensemble des entreprises est repassé au dessus de sa moyenne de long terme pour la première fois depuis 2012.
Le quatrième point est le repli rapide de l’inflation américaine qui imite en cela l’évolution des indices de prix européens qui, en janvier, avaient rapidement chuté aussi. En revanche, sur les premières estimations de février, le taux d’inflation en Allemagne et en Italie notamment se redresse probablement en raison de la hausse constatée en février du prix du pétrole.
Dans son intervention au Congrès, Janet Yellen n’a pas donné de détails sur la vitesse à laquelle la Fed pourrait changer l’orientation de sa politique monétaire. Elle a simplement signalé son souhait et la volonté de la Fed de faire disparaitre les guidances, ces éléments qui pouvaient indiquer l’orientation possible de sa politique monétaire. Le terme de patience, qui était apparu récemment en remplacement de la phrase indiquant que les taux resteraient très bas pour une période étendu, va disparaitre pour laisser davantage de marges de manœuvre à la Fed. La probabilité d’une non action en 2015 me parait significative.
Au Japon, les ventes de détail sont réparties a la baisse en janvier. La demande interne reste fragile. La hausse de la production industrielle de 3.7% en janvier est probablement à relier à la hausse rapide des exportations évoquée la semaine dernière. L’impulsion au Japon viendra de l’extérieur. On notera aussi que l’inflation hors effets fiscaux n’est que de 0.2% en janvier, bien loin de l’objectif de 2% de la BoJ.
Dernier point avec la baisse des taux de la banque centrale de Chine. La conjoncture chinoise est plus faible comme en témoigne l’indice PMI officiel sous le seuil de 50 pour le 2ème mois consécutif en février alors que l’inflation se réduit rapidement. Le taux d’inflation est de 0.8% en Janvier et les prix de production se contractent au rythme de -4.3%. Peu de croissance et un risque de déflation, ces mesures de politique monétaire étaient attendues après la détente des taux déjà observée en novembre et la réduction des taux de réserves en janvier. D’autres mesures sont à venir, monétaires et fiscales, pour soutenir l’activité.
Pour la semaine qui s’ouvre, l’élément clé sera la réunion de la BCE, jeudi, avec les détails attendus sur le quantitative easing, les projections de croissance et d’inflation intégrant 2017 et peut être la réintégration de la Grèce dans les mesures de refinancement.
Les enquêtes PMI et ISM sont attendus lundi pour le secteur manufacturier et mercredi pour les services.
L’estimation de l’inflation pour février est attendue ce lundi en zone euro. Le chiffre devrait être un peu plus élevé que le -0.6% constaté en janvier.
On aura aussi jeudi les ventes de détails en zone euro en janvier. Le mouvement haussier de la fin de l’année devrait être confirmé.
Vendredi le détail du PIB européen pour le dernier trimestre 2014 et les chiffres de l’emploi aux USA en font une journée très chargée
Bonne semaine