Verbatim de ma chronique du jour
Le consommateur vient à la rescousse de la zone Euro.
Depuis l’automne ses dépenses s’accélèrent et sont un support majeur à la croissance. Elles avaient augmenté de 3% en taux annualisé au dernier trimestre de 2014 et sont encore en hausse de 1.1% pour le seul mois de janvier. Le consommateur européen très timide change de comportement. Ce sera un élément clé pour la reprise attendue en 2015.
On doit appréhender ce changement de trajectoire à deux niveaux
D’abord parce que la hausse de la consommation va accroitre la demande interne privée. D’un point de vue général, le profil du PIB est conditionné par celui de cette demande privée. Or depuis le début de la crise en 2008 et surtout depuis 2011 la tendance de celle ci est baissière. On ne peut pas imaginer un profil haussier de la croissance sans ce support de la demande privée. L’accélération de la consommation va engendrer une allure plus positive de la croissance. La hausse de l’investissement plus tard dans la séquence de reprise complètera le processus.
Le deuxième point à souligner est dans le détail géographique, c’est l’Allemagne qui tire principalement la hausse des dépenses. Cela s’observait déjà dans les compte nationaux où la consommation des ménages allemands a augmenté de 3% au troisième et au quatrième trimestres (taux annuel). Ce mouvement haussier est confirmé en janvier sur les ventes de détail.
Que ce soit l’Allemagne est majeur pour la compréhension de la conjoncture de la zone Euro et pour la résorption de ses déséquilibres.
Pendant les années d’avant crise, l’économie de la zone Euro s’est développée rapidement sous l’impulsion notamment des pays qui bénéficiaient de la baisse des taux d’intérêt, conséquence de la mise en place de la zone Euro. Durant cette période l’Allemagne a accumulé des excédents sur tous les pays qui consommaient fortement.
Durant la crise et avec la mise en place des politiques d’austérité, la demande des pays consommateurs a été fortement affectée. La zone Euro avait perdu son principal moteur de croissance. Depuis de nombreux mois, il était souhaité que l’impulsion vienne de l’Allemagne pour accroitre la demande interne privée de la zone euro. L’Allemagne dispose d’excédents importants mais sa consommation limitée pesait sur la conjoncture de la zone. Si les ménages allemands dépensent désormais davantage, la demande supplémentaire profitera notamment aux économies de la zone Euro et permettra de retrouver une trajectoire de croissance plus robuste. C’est ce qui est en train de se mettre en place.
L’explication de cette amélioration des ventes de détail vient d’une manière générale de la baisse du prix de l’énergie. Cela n’est pas spécifique à l’Allemagne mais le ministère de l’économie allemand a calculé que cela avait permis d’économiser 3.5 Mds d’euros au 2ème semestre 2014. En outre de façon plus spécifique les emplois outre-Rhin s’accroissent et les salaires suivent.
Le consommateur européen est en train de changer à la hausse la trajectoire de l’économie de la zone euro et le consommateur allemand en est le fer de lance. En dopant la demande allemande il crée une impulsion qui bénéficiera à tous.
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Pour mémoire
Le graphe ci dessous reprend la décomposition du profil du PIB de la zone euro en indiquant le profil des contributions cumulées (à la croissance du PIB) de ses composantes