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Nous avons posé la question à Philippe Waechter, directeur des études économiques de Natixis AM. Il nous répond ci-dessous.
Je ne crois pas en cette dynamique pour au moins deux raisons.
La première est que l’Allemagne est en train progressivement de jouer le rôle de locomotive de la zone Euro. Ses marchés à l’exportation sont moins robustes notamment en Asie et l’Allemagne se recentre sur sa dynamique interne. La consommation a progressé de 3% en taux annualisé aux 3ème et 4ème trimestre 2014 et la consommation est soutenue en ce début d’année. La hausse des salaires et les marges que veut se donner le ministre des finances Wolfgang Schauble sur le plan budgétaire renforcent cette idée d’une demande intérieure plus robuste. Ce changement en Allemagne était souhaité car les ajustements violents observés dans les pays périphériques depuis 2012 avaient laminé la demande interne de la zone Euro. L’Allemagne peut inverser la tendance aidée en cela par l’Espagne notamment.
De plus, la baisse du prix du pétrole redonne du pouvoir d’achat aux ménages partout en Europe et l’accélération des dépenses en Allemagne devient un soutien majeur pour changer de trajectoire. Cela aidera l’ensemble des pays de la zone mais aussi l’Allemagne qui bénéficiera en retour de la dynamique plus soutenue en Europe.
La deuxième raison est qu’il serait peu probable que la zone Euro survive à une sortie de l’Allemagne. Le risque serait fort alors de se retrouver rapidement avec 19 pays de la zone Euro, 19 monnaies et une absence de cadre monétaire organisé. La foire d’empoigne qui en résulterait serait alors pénalisante pour tous et notamment pour l’Allemagne.
On pourrait argumenter que les ajustements nécessaires pour conserver une zone euro homogène sont trop importants pour de nombreux pays.
Deux remarques:
la première est que l’économie de la zone Euro vieillit rapidement. Cela s’observe en Italie, en Espagne et bien sûr en Allemagne. La France est un peu plus jeune. Mais cela veut dire qu’il faut créer les conditions d’une économie performante pour que les jeunes, moins nombreux, aient la capacité de payer les retraites. Il est nécessaire de préparer les économies de la zone Euro à cela. Relâcher les contraintes ne ferait surement pas le jeu des jeunes d’aujourd’hui et de demain surtout si cela s’accompagne d’une concurrence monétaire exacerbée en Europe du fait de l’explosion de la zone Euro.
Cette exigence, et c’est ma deuxième remarque, est aussi nécessaire parce que les concurrents de l’Europe vont vite et n’attendrons pas que nous nous soyons ajustés. Il faut faire face à cette concurrence vive et multiple.
Dans une zone monétaire, il faut que les dynamiques d’activité soient cohérentes à moyen terme pour que la situation perdure et se prolonge. A nous tous en zone Euro de tendre vers cette situation.