Deux graphes publiés dans 2 posts de Paul Krugman (ici et ici) donnent une mesure de l’effort fiscal observé en Grèce. Souvent il est évoqué l’incapacité des grecs à mettre en œuvre une politique d’austérité : ces deux graphes prouvent le contraire.
Le premier représente le solde budgétaire primaire (solde hors intérêts sur la dette) corrigé du cycle (afin d’éliminer les effets immédiats de la conjoncture) et mesuré en % du PIB potentiel. La Grèce en 2014 fait mieux que tous les autres pays de la zone Euro; mieux que l’Allemagne, que la France, que l’Italie ou encore l’Espagne. A la même date le chiffre américain est un déficit de -2.3%, au Royaume Uni le déficit est de -2.4% et au Japon il est de -6.6%.
Ce graphe est une mesure de l’austérité qui s’est appliquée à la Grèce et qui s’est traduit par une réduction des dépenses hors intérêts et une hausse de la fiscalité.
Sources: Krugman, FMI Fiscal Monitor 2015
Le deuxième graphe montre l’évolution des dépenses de l’état hors intérêts sur la dette. Depuis 2007 le repli est de 20% soit un chiffre bien supérieur à celui de l’Espagne.
Sources: Krugman, Commission Européenne
L’austérité mise en place en Grèce est au cœur de la récession longue et profonde que connaît ce pays depuis 2009. Une réduction aussi importante et durable des dépenses a déprimé la demande interne poussant à la baisse l’activité économique.
On ne peut pas, lorsque le revenu par habitant recule dans la durée (le PIB a baissé de 25% depuis 2009) et que le taux de chômage est supérieur à 25%, imaginer que le secteur privé, habituel support du cycle économique, puisse compenser les mesures d’austérité.
Demander des efforts budgétaires supplémentaires à la Grèce dans le cadre des négociations actuelles c’est accepté l’idée que la récession grecque se prolonge encore et s’accentue. Mais dans ce cas le recul supplémentaire du PIB ne permettra pas la convergence vers les objectifs fixés. Dès lors, le caillou Grec dans la chaussure de la zone Euro ne partira pas mais en plus il grossira.