Dix points cette semaine pour suivre la conjoncture
Premier point – Le taux d’inflation n’a pas accéléré en novembre en zone Euro.
Il reste à 0.1% comme en octobre. La composante sous-jacente augmente de 0.9% contre 1.1% en octobre. De la sorte sa contribution passe de 0.74% en octobre à 0.64% en novembre. L’absence d’accélération de l’inflation ne tient pas qu’à l’énergie. La contribution des services est plus réduite et explique cette inflexion. La contribution de l’énergie est restée négative mais de façon moins marquée (de -0.9% à -0.8% en novembre).
Deuxième point – La BCE est inquiète d’une inflation trop faible.
L’acquis d’inflation pour 2015 à la fin du mois de novembre est de 0.03% et l’année pourrait s’achever avec un taux d’inflation inférieur à 0.05%. L’inquiétude exprimée par Mario Draghi lors de la conférence de presse est là. En dépit d’une politique monétaire très accommodante et non-orthodoxe, il ne sait pas à quel moment le taux d’inflation pourrait converger et atteindre la cible de la BCE à 2%. Il a mis l’accent surtout sur le fait que la politique monétaire, seule, n’arrivera pas à repositionner l’économie de la zone Euro sur une trajectoire robuste susceptible de converger vers le plein emploi.(voir ici aussi)
Les mesures annoncées (voir ici) permettent principalement de réduire l’incertitude quant à l’environnement financier et bancaire auquel les acteurs de l’activité auront à faire face. En prolongeant la politique de taux très bas jusqu’à la fin 2017 et en allongeant les opérations de quantitative easing jusqu’à mars 2017 au moins, il veut limiter les facteurs susceptibles d’engendrer de l’incertitude ce qui serait pénalisant pour la croissance.
Le montant du QE était estimé à 1 140 milliards d’euros en s’arrêtant en septembre 2016, il est désormais attendu à 1 440 Mds soit une hausse supplémentaire équivalente à 3.5% du PIB.
Troisième point – L’emploi américain est resté robuste en novembre.
Il a augmenté 211 000 contre 298 000 en octobre (révisé en hausse). Le chiffre de novembre s’inscrit dans la moyenne des 11 premiers mois de l’année 2015 qui est de 210 000. Il n’y a donc pas eu accélération forte en novembre. Le chiffre d’octobre apparait ainsi comme une exception.
Cela s’observe par la stabilité, un mois supplémentaire, du taux d’emploi et par le ralentissement du taux de croissance du salaire moyen du secteur privé qui passe de 2.5% à 2.3%.
En d’autres termes, le rapport de l’emploi est robuste mais il ne traduit pas de tensions supplémentaires sur le marché du travail. Cela s’observe notamment par la hausse marginale du taux de chômage élargi qui est passé de 9.8% à 9.9%.
Quatrième point – Le chiffre de l’emploi conforte néanmoins la Fed dans sa volonté de remonter son taux de référence lors de la réunion des 15 et 16 décembre.
Janet Yellen a clairement indiqué lors de ses 2 interventions, les 2 et 3 décembre, qu’elle souhaitait voir une augmentation du taux cible des fed funds. Elle considère que l’économie va continuer de progresser au cours des 2 prochaines années, provoquant ainsi une amélioration du marché du travail et in fine une convergence de l’inflation vers la cible de 2%.
Cependant, Janet Yellen n’a pas été très précise quant au profil attendu pour les taux en 2016. Je ne crois pas à une hausse systématique car dans un environnement global fragile, la Fed ne peut pas prendre le risque de déstabiliser sa dynamique interne, notamment le marché immobilier, par des mouvements de taux d’intérêts excessifs.
Cinquième élément – La zone Euro apparait comme la plus dynamique dans le secteur manufacturier si l’on suit les enquêtes Markit et ISM.
L’indicateur mondial a ralenti marginalement à 51.2. Cela traduit l’inflexion de l’indice Markit américain à 52.8, celui du Royaume Uni à 52.7 et le maintien à un niveau très bas des indices émergents. L’indice BRIC est ainsi à 48.7 et l’indice des pays émergents à 49.2. La zone Euro est en hausse à 52.8. Ce n’est pas spectaculaire mais c’est le chiffre le plus fort. Je fais passer la zone Euro devant les USA en raison du chiffre très faible de l’ISM manufacturier à 48.6. Le cycle américain est plus fragile par certains aspects.
Sixième point – Les économies de la zone Euro et des USA se rapprochent.
En comparant les indices synthétiques des 2 régions pour l’ensemble de l’économie on constate qu’il n’y a plus une divergence aussi marquée qu’il y a quelques mois. La force des services aux Etats-Unis compense la faiblesse du secteur manufacturier pour surclasser encore la zone Euro mais l’écart global n’est plus aussi fort. Cela traduit à la fois une plus grande fragilité aux USA et un regain de vigueur en Europe.
Septième point – Les ventes de détail en zone Euro s’étiolent en octobre. Ce n’est pas une bonne nouvelle. L’acquis pour le 4ème trimestre est de -0.19% à la fin du mois d’octobre contre une hausse de 0.7% pour l’ensemble du 3ème trimestre (non annualisé). Cela manque de vigueur alors que la baisse du prix de l’énergie se confirme
Huitième point – Le taux de chômage en zone Euro continue de décroitre à 10.7% en octobre.
C’est le chiffre le plus bas depuis janvier 2012. L’indicateur baisse dans tous les pays sauf en France où le taux de chômage s’est inscrit à 10.8% au 3ème trimestre (10.2% selon l’INSEE en ne prenant que la France métropolitaine).
Neuvième point – Les chiffres de commandes à l’industrie allemande se reprennent en octobre avec une progression de 1.8% après 3 mois de repli.
Néanmoins, sur un an l’indicateur est stable.
Les commandes de biens d’équipement sont en hausse dans toutes ses composantes sur le mois (total, Allemagne, zone Euro et reste du monde) mais est quasi stable sur un an à 0.5% avec un repli significatif pour les commandes en dehors de la zone Euro à -7.4%. Ce n’est pas un signal fort pour l’investissement global. Pour la zone Euro la progression est de 15% sur un an mais de seulement 2% sur les 3 derniers mois (taux annuel). La dynamique de l’investissement est plus morose qu’attendu en cette fin d’année
Dixième point – Le Brésil est vraiment en récession.
Son PIB a reculé de -6.7% au 3ème trimestre après déjà -8% au 2ème (taux annualisé). L’acquis pour 2015 est de -3.7% à la fin du 3ème trimestre. La consommation des ménages, l’investissement et les exportations reculent vivement alors que les importations s’effondrent. La fragilité politique actuelle du Brésil et le maintien à un niveau très bas du prix des matières premières ne permettent pas d’anticiper un rapide changement de tendance.
Pour la semaine à venir
L’attention portera sur les chiffres chinois avec le commerce extérieur mardi et l’inflation mercredi.
On aura aussi les chiffres de production industrielle dans les pays européens: l’Allemagne lundi, le Royaume Uni mardi, la France jeudi et l’Italie vendredi
Aux Etats-Unis, le chiffre important sera celui des ventes de détail de novembre. Ce sera vendredi
On aura aussi, mardi, le détail du PIB de la zone Euro et dans la nuit de lundi à mardi le chiffre définitif du PIB japonais du 3ème trimestre.
Enfin jeudi, l’indice des prix français pour le mois de novembre sera publié
Bonne semaine à tous