Au cours du deuxième trimestre la croissance s’est essoufflée au sein de la zone Euro. L’activité n’a progressé que de 0.3% après 0.6% au cours des 3 premiers mois de l’année (1.2% et 2.2% en taux annualisé respectivement). La France a connu un coup d’arrêt avec un chiffre de 0% au deuxième trimestre après 0.7% au premier trimestre (-0.2% et 2.7% en taux annualisé respectivement). Quant à l’Espagne son PIB a continué de progresser vivement au rythme de 0.7% après 0.8% de janvier à mars (2.8% et 3.1% en taux annualisé respectivement).
On ne dispose pas encore du détail du PIB pour la zone Euro et l’Espagne. On fera ici deux remarques.L’inflexion de la croissance de la zone Euro tient à une demande interne plus limitée. Cela s’observe notamment sur la consommation des ménages comme le montre l’indice de ventes de détail du 2ème trimestre dans le graphe ci-dessous. Si en outre on tient compte de la faiblesse de l’investissement français (dont on a le détail) au 2ème trimestre, cela indiqué que c’est vers cette demande interne plus réduite qu”il faut chercher pour trouver les sources de l’inflexion.
La deuxième remarque est la progression toujours très robuste de l’économie espagnole. Elle n’a certes pas retrouvé le niveau d’avant crise mais sa trajectoire récente est impressionnante. On observe aussi le coup d’arrêt pour la France.
L’acquis pour 2016 à la fin du deuxième trimestre est de 1.3% en zone Euro, de 1.1% en France et de 2.6% en Espagne. Ce n’est pas incompatible avec une croissance de 1.6% en zone Euro et voisine de 3% pour l’Espagne. Pour la France le chiffre de 1.5% sera plus difficile à atteindre (voir plus bas)
On dispose du détail des composantes pour l’économie française. C’est la demande privée qui a chuté fortement au cours du printemps. Sa contribution à la croissance du PIB (en taux annualisé) passe de 3.6% au cours des trois premiers mois de 2016 à -0.1% au cours du printemps. La consommation s’est effondrée avec une contribution qui est passée de 2.5% à 0% et l’investissement des entreprises a chuté passant d’une contribution de +1.1% à -0.1%.
Le graphique ci-dessous résume bien le mouvement. Les ménages ont disparu en tant que consommateur mais aussi en tant qu’investisseur puisque l’investissement logement est nul au T2.
Les dépenses publiques ont une contribution positive ainsi que le commerce extérieur. Sur ce dernier aspect il faut relativiser. Le chiffre est positif parce que les importations ont chuté plus vite que les exportations. Pas franchement de quoi enthousiasmé.
L’acquis est de 1.1% pour 2016 à la fin du deuxième trimestre. La question est double: le chiffre de 1.5% sera-t-il atteignable? et comment?
Pour disposer d’une croissance de 1.5% pour l’ensemble de l’année 2016 il faudrait une progression non annualisée de 0.55% au troisième et au quatrième trimestres de 2016. Ce chiffre élevé est à comparer à celui, non arrondi, de 0.66% du premier trimestre. Dès lors il est peu probable que l’économie française atteigne ce chiffre.
En tout état de cause, la question pour les deux derniers trimestres de l’année 2016 sera de savoir comment l’investissement va rebondir? On peut en effet anticiper que la stagnation de la consommation ne sera que temporaire. Il devrait y avoir rattrapage sauf à avoir un choc négatif pour les ménages ce que l’on ne perçoit pas aujourd’hui. (Depuis 2014, la contribution moyenne de la consommation à la croissance trimestrielle du PIB a été de 0.65% en taux annualisé soit bien au-delà du chiffre nul du T2).
La question majeure porte sur l’investissement. Est ce que les chefs d’entreprise vont se remettre à investir dans un univers plus risqué, notamment après le référendum sur le Brexit.
Même si l’incertitude est retombée comme le montre le graphe ci-dessous, il y a un environnement politique en France qui peut inciter à sursoir toute envie d’investir immédiatement. Ce n’est pas renoncé à l’investissement mais simplement le repousser dans l’idée que le temps permettra de réduire l’incertitude.
L’enjeu sera l’investissement mais aussi une dynamique européenne plus robuste pour renforcer le profil des exportations. Il faudrait retrouver cette dynamique de la zone Euro esquissée au premier trimestre pour permettre d’amortir les éventuels chocs extérieurs. La politique aura un rôle majeur pour rassurer toutes les composantes de l’Union Européenne en réduisant l’incertitude pesant sur la pérennité de l’Union.