Eurostat a publié le 5 janvier le taux d’inflation du mois de décembre pour la zone Euro. Il ressort à 1.1% soit le chiffre le plus élevé depuis août 2013. Le taux d’inflation n’était qu’à 0.6% en novembre. Est ce pour autant le retour de l’inflation ou n’est ce qu’un phénomène temporaire?
Le graphe ci-dessous permet de jauger des sources de cette accélération de la hausse des prix en décembre.
La construction du graphe est simple. Chaque courbe représente la contribution du secteur au taux d’inflation. Chaque courbe cumule la contribution du secteur et les contributions précédentes. On commence par les biens en rouge puis les biens et les services (en bleu) puis les biens, les services et les produits alimentaires. Cette dernière courbe est la courbe verte sur le graphe. Elle est stable depuis le début de 2015. En revanche dès que l’on additionne l’énergie l’image change. La courbe violette est celle qui ajoute l’énergie à la construction précédente et qui de ce fait représente le taux d’inflation.
Le prix de l’énergie est le facteur de volatilité de l’inflation depuis 2015 au moins et l’accélération constatée en décembre ne traduit qu’un phénomène lié à celui-ci.
J’avais évoqué cette question à plusieurs reprises (ici, ici et là notamment). Cela reflète l’évolution du prix du pétrole. Celui ci était devenu comparable à celui observé en 2015 à partir du mois d’août 2016 et il est désormais un peu plus élevé. De la sorte la contribution négative de l’énergie s’est estompée progressivement avant de devenir franchement positive en décembre. (voir le graphe de comparaison du prix du pétrole en euro en bas de ce post)
On voit ce phénomène sur le graphe ci-dessous. L’évolution annuelle du prix du pétrole a suivi la courbe rouge basé sur une hypothèse de 55$ le baril et un change à 1.05 (moyenne de décembre). Et la courbe violette qui est la contribution de l’énergie au taux d’inflation est en territoire positif pour la première fois depuis 2013.
Si le prix du pétrole se stabilise à 55$ et l’euro à 1.05 (moyenne de décembre) alors l’effet d’accélération de l’inflation ne serait que temporaire. La contribution de l’énergie redeviendrait alors proche de 0 après le premier trimestre 2016. Il n’y aurait pas de contagion vers le reste de l’économie (via les salaires). L’accélération de l’inflation ne serait alors que temporaire. Celle ci convergerait alors vers le taux d’inflation sous-jacent (0.8 à 0.9% ces derniers mois).
Si le prix du pétrole, en revanche, monte durablement alors la contribution de l’énergie restera durablement positive et l’inflation sera plus élevée même en l’absence d’effet d’indexation sur les salaires.
Je pense que le prix du pétrole va se stabiliser sur les niveaux actuels et que l’accord de l’OPEP n’aura pas d’effets haussiers forts sur le profil du prix de l’or noir. La demande n’est pas encore suffisamment forte pour rendre un tel accord crédible dans la durée (il y aura des envies de tricher de la part des producteurs).C’est pour cela que je ne crois pas à une hausse durable de l’inflation. Cependant la stabilisation du prix de l’énergie éloigne le risque de déflation et c’est un point positif.
Si le phénomène est temporaire, comme je le crois, il n’y a aucune raison de voir la BCE s’agiter