Les taux d’intérêt bas reflètent la combinaison des politiques budgétaire et monétaire. Cela se traduit déjà par une forte répression financière. Les gouvernements, plus que les banques centrales auront intérêt à un ajustement nominal pour retrouver des marges de manœuvre. Cela provoquera davantage d’inflation.
Les taux d’intérêt, de toute maturité, vont rester bas pendant très longtemps. L’économie va être durablement pénalisée par la crise sanitaire. Elle sera affectée par le choc provoqué par le confinement mais aussi par la recomposition de l’appareil productif. Le premier est un choc macro-économique de grande ampleur avec une forte persistance en raison de son impact sur l’emploi. Le second est un choc d’allocation de ressources. Il faudra redistribuer les ressources des secteurs qui ne fonctionnent plus comme par le passé, on peut penser à l’aéronautique ou au tourisme, vers les secteurs porteurs comme la transition énergétique ou la technologie. La vision sectorielle pose la question du taux de croissance global. La productivité des secteurs en déclin sera-t-elle compensée par celle des secteurs d’avenir. S’il n’y a pas de compensation cela peut se traduire par une baisse du revenu global.
Des politiques économiques actives
L’ajustement de ces deux mécanismes ne peut s’inscrire que dans la durée. Aucun modèle ne permet de déterminer comment et à quelle vitesse l’économie convergera vers un équilibre stable. Ne faire confiance qu’aux mécanismes de marché est excessif car cela crée des distorsions. C’est pour cela que la politique économique devra être active dans la durée.
L’investissement public, la formation, l’éducation sont des besoins qui doivent être pris en charge collectivement. Face à cet effort, les déficits publics resteront importants obligeant les banques centrales continueront d’intervenir en achetant de actifs et en maintenant la structure des taux très basse.
Plusieurs remarques sur Les taux d’intérêt bas
Les taux d’intérêt bas qui résulteront de cette combinaison de la politique économique va engendrer une autre forme d’ajustement. Plusieurs remarques
- Les taux d’intérêt sont proche de 0% alors que le taux d’intérêt à10 ans moyen dans les pays du G4 (US, France, Allemagne, Royaume Uni) était supérieur à 15% au début des années 1980. C’est la résultante de la combinaison d’une politique monétaire passée maître dans la régulation macroéconomie, du ralentissement de la productivité et d’une faible inflation résultant de la globalisation financière et économique. Cette baisse continue provoquant une revalorisation de tous les actifs, financiers et réels, provoquant une prééminence de la finance sur le reste de l’économie.
- Cette période s’est achevée avec la crise de 2008 et l’intervention des banques centrales. Désormais, la sphère financière ne pourra plus être revalorisée via la baisse des taux d’intérêt. Cela oblige à réinventer un nouvel équilibre financier qui ne repose pas que sur la baisse des taux pour se valoriser..
- Le maintien de taux d’intérêt bas et la politique de soutien des gouvernements risquent de provoquer une accélération des entreprises zombies, celles qui ne survivent que parce qu’elles bénéficient de taux d’intérêt très bas et/ou de subventions. C’est un risque qu’il faut assumer dans la période d’incertitude.
- Des taux d’intérêt durablement bas provoquent des arbitrages entre aujourd’hui et demain. Quel est l’intérêt de faire un placement financier si son rendement est proche de 0%. C’est une raison de la valorisation des actifs risqués. Celui qui veut du rendement doit accroître sa part d’actif risqué ou d’actif manquant de liquidité. Le choix devra se porter sur les secteurs qui porteront l’économie de demain. C’est la raison de la surperformance du secteur des technologies. Le risque de se tromper apparaît comme réduit.
La répression financière
La période de répression financière se fera au détriment du porteur des actifs et au bénéfice de l’émetteur. Cette période a déjà commencé mais il est probable qu’avec la dette accumulée, cette répression ne soit pas suffisante. Je ne crois pas à une annulation de la dette car cela porterait un rude coup au système économique et à la crédibilité des institutions. Je pense plutôt que l’économie globale plus morcelée se traduira par un cadre global moins concurrentiel. L’ajustement macroéconomique global sera long et la tentation de l’ajustement nominal par les gouvernements, les banques centrales ont passé leur tour, sera forte. L’inflation accélèrera au delà des limites actuelles. Cela prendra du temps c’est tout.
Les taux d’intérêt à 0% pendant longtemps apporteront in fine de l’inflation plus que de la croissance
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