Le recul du PIB allemand au deuxième trimestre et la faiblesse des enquêtes menées auprès des entreprises ont fait ressurgir le risque d’une récession de l’autre côté du Rhin. En 2023 cette question avait déjà été posée et la récession validée avec une contraction de -0.1% sur l’ensemble de l’année.
Trois points à retenir sur l’allure du PIB allemand.
1- Depuis le début de l’année 2022, le profil trimestriel est très chaotique. La dynamique est loin d’être mue par une tendance robuste.
2 – D’ailleurs, le PIB du 2ème trimestre 2024 est au même niveau que celui du premier trimestre 2022. L’activité allemande est étale depuis 2 ans et demi.
3- On peut aussi se repérer par rapport à la période pré-pandémie. Le choc de la crise sanitaire a été brutal mais les politiques associées pas forcément homogènes entre les pays. Les pays occidentaux ne sont pas tous sortis de la même façon de cette période particulière.
Le tableau montre cette singularité allemande en comparant, pour reprendre le point 2, le niveau du PIB du T2 2024 à celui du T1 2022 puis en comparant le PIB de 2024 (en faisant l’hypothèse que le PIB du T3 et le T4, qui sont inconnus, sont au niveau du T2 qui lui vient d’être publié) au PIB moyen de 2019. La données la plus ancienne est à 100.
Depuis 2019, l’Allemagne est en stagnation et est un frein à l’amélioration de la situation européenne. Ce n’était pas le cas sur la période précédent la crise sanitaire (3ème colonne)
Qu’est ce qui a changé ?
Comparer la période d’avant la pandémie (2013-2019) alors celle incluant la pandémie aide à comprendre la piètre performance de l’Allemagne depuis 2022. J’ai calculé sur chaque période la contribution à la croissance du PIB de la demande privée, de la demande publique et celle du commerce extérieur net. Le premier graphe est sur une base en 2013 et le second sur une base en 2019.
Toutes les composantes ont une contribution positive à l’exception du commerce extérieur. Cela traduit une réduction du surplus extérieur traduisant une demande intérieure robuste. Une dynamique classique facilitée par une très bonne performance à l’exportation.
Sur la période récente, rien ne va. Le commerce extérieur se dégrade faute d’un marché chinois manquant de vigueur et la demande interne marquée par la hausse du prix de l’énergie est incapable d’orienter l’activité. La hausse des dépenses publique n’a pas été suffisante.
L’Allemagne doit reconstruire son modèle, être moins dépendante du dynamisme de ses exportations et nourrir sa demande interne. Une grande difficulté est le vieillissement de la population qui ne permet pas de produire davantage sans hausse du taux d’emploi ou une forte progression des flux migratoires. Après les résultats des élections du week-end dernier, ces flux seront combattus de l’intérieur et, dans la durée, l’Allemagne perdra de sa superbe.