Donald Trump a proposé lundi la création d’un fonds souverain américain. L’idée peut paraître séduisante quand on observe les fonds souverains en Norvège, en Chine, à Singapour et dans quelques pays du Moyen-Orient. Ils lissent les revenus actuels dans la durée pour les générations futures.
La question spécifique pour un fonds américain est son mode de financement et pour quel objet.
Dans un pays tel que la Norvège, le fonds est financé par les recettes pétrolières. Plutôt que de dépenser cette manne immédiatement, le fonds permet de répartir ses recettes dans la durée pour faire face au financement des retraites quand le pétrole ne fera plus recette ou que ses ressources seront épuisées. Pour la Chine, le surplus extérieur permet d’accumuler des liquidités dont l’utilisation sera lissée dans le temps.
Dans tous les cas, ces fonds sont investis dans des actifs financiers et/ou des actifs réels. Ils sont ainsi capitalisés sur des recettes immédiates pour réduire un risque à l’avenir. L’idée est simple et elle est de redistribuer ces ressources dans le futur. C’est une forme de mutualisation dans le temps pour que les recettes pétrolières, par exemple, profitent à tous, dans la durée.
Dans le cas américain, Donald Trump a indiqué qu’il s’agirait d’un financement par la dette. Autrement dit, le fonds ne se nourrit pas d’un surplus de recettes, mais par une accumulation de dettes. La logique n’est pas la même puisque le gouvernement américain est déjà fortement endetté (autour de 120 % du PIB en 2024) et que son déficit public s’inscrit proche de 7 % du PIB.
Le fonds ainsi créé n’aurait pas pour vocation une redistribution dans le temps, mais serait une arme pour la politique économique de la Maison-Blanche. Il serait investi dans des actifs américains. Donald Trump a évoqué la possibilité d’utiliser un tel fonds pour une opération sur TikTok. Ce serait potentiellement un moyen de contourner le contrôle que le Congrès américain peut avoir sur les dépenses publiques. Le Congrès donnerait donc son approbation pour la mise en place du fonds, mais ne pourrait pas en contrôler l’usage. Un tel fonds pourrait ainsi accroître le déficit et la dette en dehors de tout contrôle démocratique.
Un tel fonds avait existé en Malaisie, le fonds 1MDB, cependant ses ressources ont été vite épuisées et il a disparu.
Au regard des règles très floues énoncées par la Maison-Blanche, on voit très bien l’origine des ressources, mais pas très bien la destination des fonds qui y seront lotis. Le risque est alors d’alimenter une forme de corruption, de copinage et d’enrichissement personnel.
C’est le problème d’un pays dont le pouvoir central semble s’éloigner des règles démocratiques. Les signes se multiplient qui suggèrent que le pouvoir nourrisse le pouvoir sans le partager.
Cela ne peut pas être rassurant en raison de la taille et de la puissance des États-Unis.