Le 20eme siècle américain s’est arrêté en 2030. Après une imposante et longue domination depuis l’après deuxième guerre mondiale, l’économie américaine développe un avantage comparatif significatif sur la technologie principalement sur l’IA et les cryptomonnaies.
Pourtant, en 2030, la consolidation du secteur technologique, les inégalités considérables sur cela a provoqué et ses liens très proches avec le gouvernement US ont engendré une perte d’efficacité du secteur. La dynamique, qui avait fait de la Tech le secteur le plus attractif, celui qui drainait les investissements, s’est éteinte. La consolidation lui a fait perdre son efficacité et les investisseurs se sont rendus compte que la justice avait un biais pour favoriser les entreprises les plus importantes. L’intérêt des investisseurs s’est alors vite évanoui provoquant un krach boursier de grande ampleur. Le secteur qui avait tiré l’économie américaine n’en a plus la capacité.
L’histoire ne s’arrête pas là car un événement boursier n’est pas forcément suffisant pour engendrer un changement de régime permanent. Pour Daron Acemoglu qui raconte cette histoire dans le FT du weekend plusieurs autres éléments marquent la société américaine.
Le premier est une série d’erreurs de politique économique. L’inflation élevée et la dette publique sont les legs de Biden marquant un changement de mode de fonctionnement de l’économie US.
Donald Trump, avec une politique tarifaire et et le retrait de l’accord de Paris sur le climat, a sorti l’économie US de son rôle historique, celui qui avait mené à la prospérité occidentale. Le rapport de force permanent et le rejet des objectifs de long terme pour l’Amérique ont donné aux États-Unis un statut différent affaiblissant le rôle du dollar et des marchés financiers.
Le second est un dysfonctionnement institutionnel de l’Amérique. La polarisation politique, la perception d’une coupure entre les préoccupations du quotidien et les choix politiques faits ont distendu le cadre institutionnel qui avait fait l’Amérique depuis des décennies. La substance de cette Amérique s’est délitée et a perdu la confiance des citoyens américains. La dynamique commune a perdu la puissance qui a ait entraîné le monde avec lui.
La conjonction du krach technologique, du cadre politique brouillé et d’une perte de confiance dans les institutions ont créé les conditions de cette rupture de 2030.
Acemoglu écrit cela en se positionnant en 2050 et regarde en historien la façon dont l’économie et la société américaine se sont rompues en 2030 sans avoir les moyens de se relever par la suite.
On retrouve dans cet article du FT les ressorts de la pensée d’Acemoglu sur le rôle essentiel et vital des institutions.
Je ne sais pas si c’est le scénario dans lequel s’inscriront les États-Unis dans les 25 prochaines années mais sa probabilité n’apparaît pas nulle.
Source Financial Times Daron Acemoglu Lien https://on.ft.com/4gtgVoY