6 Points à suivre pour bien appréhender la conjoncture globale
Point #1 – La conjoncture s’améliore en zone Euro
Les signaux conjoncturels apparaissent plus robustes au cours du 4ème trimestre. Les enquêtes menées auprès des chefs d’entreprise sont solides et ont tendance à s’améliorer. C’est ce que l’on constatait déjà avant les fêtes de fin d’année. Les indices IFO en Allemagne et du Climat des Affaires (INSEE) en France montraient une amélioration significative.
On le voit dans le cas français dans le graphe ci-dessous. L’indice est 5% au-dessus de sa moyenne historique et le décrochage à la hausse est rapide. L’indicateur synthétique présenté est en hausse pour chacune de ses composantes (Industrie, Services, Distribution et Construction).
Cette amélioration ne se limite pas à la France ou à l’Allemagne. Le graphe ci-dessous montre l’indice Markit, pour le secteur manufacturier, des 4 grands pays de la zone Euro. Les niveaux d’indices sont tous en hausse significative et l’indice de la zone Euro est au plus haut depuis avril 2011. Les commandes sont partout aussi en progression avec un ratio des nouvelles commandes sur stocks qui s’étagent entre 1.1 et 1.15. L’indice de la zone Euro est à 1.14 et celui de la France à 1.1 est au plus haut depuis mars 2014.
On peut imaginer qu’en raison des échanges denses au sein de la zone Euro il y ait des effets de diffusion d’un pays à l’autre et de synergie dont la résultante serait une densification des échanges au sein de la zone et une capacité à croître au-delà des chiffres de prévision qui sont données. Si cela fonctionnait effectivement cela m’amènerait à réviser à la hausse la croissance de la zone Euro en 2017. Il est cependant encore trop tôt pour valider cette dynamique.
Point #2 – Cette amélioration ne se limite pas à la zone Euro
L’ensemble des indices est en hausse comme le suggère le graphe ci-dessous. L’indice mondial s’est inscrit à 52.7 pour le dernier mois de l’année soit son niveau le plus fort depuis février 2014.
La tendance est haussière et là aussi aux USA, au Japon ou encore au Royaume Uni, la dynamique des flux de commandes s’améliore significativement. La hausse au Royaume Uni me semble traduire une accélération avant un changement de règles et de fonctionnement qui seront observables probablement après mars 2017 lorsque le gouvernement aura notifier l’article 50. On note le même comportement des consommateurs (vite avant la débâcle)
Les signaux sont plus contrastés au sein des pays émergents. L’Inde souffre de la démonétisation des billets de 500 et 1000 roupies (7 et 14 euros) et le Brésil n’a toujours aucune raison de se relever. Pour l’Inde c’est un choc fort visant à lutter contre la corruption et l’économie parallèle. C’est un choc négatif sur l’activité.
Point #3 – La consommation a été robuste en zone Euro
Les dépenses des ménages se sont nettement accrues durant les deux premiers mois du 4ème trimestre. La France, l’Espagne ou encore l’Irlande sont des supports significatifs.
Cela se traduira par un chiffre de consommation solide dans le calcul des comptes nationaux durant le dernier trimestre de 2016.C’est ce que suggère le graphe ci dessous. Cela devrait se traduire par une croissance du PIB de l’ordre de 2% ou un peu plus en T4 (taux annualisé).
On observe sur le graphe que la politique monétaire plus accommodante à partir de 2013 et une politique budgétaire plus neutre à partir de 2014 ont eu un effet positif sur les dépenses des ménages. C’est tautologique mais le graphe montre aussi que les politiques d’austérité de 2011 et 2012 ont très nettement pénalisé les ménages. Imaginer que les politiques d’austérité sont susceptibles de générer de la croissance est un leurre.
Point #4 – Hausse temporaire de l’inflation en zone Euro
L’accélération de l’inflation est significative en zone Euro au mois de décembre. Le graphe ci-dessous est sans ambiguïté. Pour l’ensemble de la zone, les prix à la consommation sont en hausse de 1.1% sur un an. L’accélération est encore plus brutale en Espagne.
Quand on regarde le détail des ces indices de prix, on note que la hausse est un effet lié uniquement au prix du pétrole. C’est ce que montre le graphe ci-dessous. Chaque ligne correspond à la contribution d’un secteur qui s’additionne à la contribution précédente. Le point de départ est la contribution du prix des biens, puis on rajoute les services puis encore le prix des produits alimentaires. On note alors que cet indicateur est stable depuis 2015. La seule source de volatilité résulte du prix de l’énergie dont la contribution est très fluctuante. Elle est en forte hausse en décembre (elle passe de -0.11% en novembre à +0.25% en décembre).
Si le prix du pétrole reste proche de ce qui est observé alors la contribution de l’énergie après avoir été très forte au premier trimestre va s’estomper et le taux d’inflation convergera vers le taux d’inflation sous-jacente (au voisinage de 0.8%). Cette évolution des prix reste très éloignée de la cible à 2% des banques centrales. Dès lors pas d’alerte sur la stratégie de la BCE (voir ici pour plus de détail)
Point #5 – L’emploi progresse aux USA
L’emploi a augmenté de 156 000 en décembre et sur l’ensemble de l’année la progression est de 180 000 en moyenne par mois contre 229 000 en moyenne en 2015 et 251 000 en 2014.
La dynamique cyclique s’essouffle et ne crée pas d’incitation à revenir sur le marché du travail car les rémunérations ne sont pas attrayantes. Ce comportement s’observe sur la tranche d’âge 25-55 ans. Si le marché du travail était en pleine tourmente haussière alors le taux d’emploi progresserait très rapidement. Ce n’est pas le cas alors qu’il n’y a pas pour cette catégorie d’âge de sortie comme les départs à la retraite pour l’ensemble de la population active.
Pour l’ensemble de la population active (+ de 16 ans), le taux d’emploi diminue légèrement après un point haut en mars 2016. Le marché ne s’emballe pas.
La hausse du taux de salaire horaire est de bon aloi mais demande néanmoins à être confirmée. Pour l’instant les données sur les gains salariaux hebdomadaires ne valident pas une accélération rapide de la masse salariale.
Point #6 – Les réserves de change chutent encore en Chine
Depuis le point haut de juin 2014, les réserves de change en Chine ont chuté d’environ 1 000 milliards de dollars. Cela traduit notamment la politique de défense du yuan de la part des autorités chinoises. Si aucune mesure n’avait été mise en place alors le yuan serait beaucoup plus bas notamment face au dollar. C’est pour cela que la position du président élu est discutable quant à la volonté des chinois de déprécier leur monnaie à tout prix. C’était vrai il y a un peu plus d’une dizaine d’année. Cela ne l’est plus. Les chinois ont besoin des marchés financiers étrangers pour stabiliser leur situation et diversifier leurs risques.
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