Depuis moins d’une semaine et les annonces de Donald Trump sur les droits de douane, les fondements de l’économie globale sont remis en cause. Il y aurait l’économie d’avant et celle désormais dictée par la Maison Blanche à Washington.
L’économiste ne doit pas se laisser entraîner par une communication efficace mais qui ne supporte pas l’analyse.
Deux points à avoir à l’esprit
Le premier est de rappeler que les chocs sur les tarifs douaniers, surtout lorsqu’ils sont importants, ont eu, par le passé, des effets délétères sur l’économie et l’emploi. La remise en route est longue parce que les processus de production ont été rompus ou fortement perturbés. L’absorption du choc est longue et les déséquilibres persistants.
Le deuxième point est que la prémisse du raisonnement de Donald Trump est fausse. Non, l’économie américaine n’a pas été exploitée et pillée par le monde entier. La technologie américaine a dominé le monde depuis l’après seconde guerre mondiale et le dollar est tellement imbriqué dans l’économie globale qu’en sortir serait l’expérience la plus périlleuse qui soit.
On peut le dire autrement. Les grandes plateformes qui dominent le monde occidental, Amazon, Google, Microsoft et quelques autres sont américaines et bénéficient de la dynamique du très grand marché intérieur américain pour disposer d’une puissance incomparable dans le reste du monde. C’est une dynamique de ce type basée sur un marché européen intégré qui manque à l’Europe pour rivaliser.
Les Etats-Unis ont aussi gagné la bataille du soft-power. Interrogez vous sur les films que vous préférez regarder ou sur les plateformes de streaming qui guident vos soirées devant vos écrans.
Tous ces éléments rapportent beaucoup de revenus aux Etats-Unis et c’est en grande partie ce qui rend son déficit commercial tolérable.
Non, l’économie américaine n’a pas été dépecée par le reste du monde sinon les entreprises outre-Atlantique n’auraient pas autant investi en Chine, n’auraient pas fait autant de transferts technologiques. Le marché local était porteur, justifiant le comportement des entreprises US pas du tout prises au piège.
L’autre dimension de cette prémisse est que la puissance américaine a été de pair avec sa puissance politique. Celle ci a été récemment réorientée vers l’Asie au détriment de l’Europe. La Chine est l’obstacle politique du 21eme siècle comme l’URSS était celui du 20eme siècle, posant la question de l’Otan en Europe était de son financement.
Cette prémisse de communication traduit aussi le poids des Etats-Unis. Le monde, selon Trump, est un jeu à somme nulle. Il faut trouver les moyens de capter les richesses des autres au bénéfice de l’Amérique.
En cassant les règles existantes et en individualisant les droits de douane, chaque pays aura la tentation de négocier pour adoucir sa peine mais cette négociation se fera selon le bon vouloir et les conditions dictées par la Maison Blanche.
À suivre…