Au premier trimestre 2014, le commerce mondial a reculé de 3.4% en taux annualisé. Ce changement de tendance est-il temporaire ou est-ce la traduction d’une économie incapable de repartir de l’avant ?
Jamais depuis le premier trimestre 2009 durant lequel il avait chuté de -37%, le volume des échanges ne s’était contracté aussi rapidement qu’au cours des 3 premiers mois de cette année.
La désagrégation entre pays développés et pays en développement montre un repli des échanges dans ces deux types de pays avec une contribution nettement plus négative du côté des émergents.
Aller un peu plus dans le détail suggère un effet américain, qui peut être relié aux aléas climatiques du premier trimestre, mais l’on note surtout le repli des échanges en Asie. L’ensemble des autres zones ont chacun une contribution positive. En dissociant exportations et importations, on note que l’Asie et les USA ont une contribution négative (et marginalement l’Europe centrale). En revanche sur les exportations, seule l’Europe centrale a une contribution positive au premier trimestre de 2014. Les exportations de la zone Euro sont stables en niveau depuis le 3ème trimestre 2013 (l’indice de commerce d’une zone est la moyenne des indices d’exportation et d’importation).
En arrière-plan de ce ralentissement en Asie se profile l’inflexion de la croissance chinoise. Depuis le début de l’année 2014 les exportations chinoises ralentissent fortement ce qui pénalise le commerce intra-zone.
Cela est préoccupant à deux titres.
- Le premier est que la dynamique des échanges au sein de l’Asie a été au cœur de la croissance des échanges et de l’activité durant la première décennie des années 2000.
- Le second est que si cette inflexion est durable, elle pénalisera les pays européens les plus actifs vis-à-vis de l’Asie. Ce serait le cas de l’Allemagne mais aussi de la France même si les niveaux d’exportations ne sont pas sur la même échelle.
La question porte donc davantage sur la dynamique chinoise que sur l’effet temporaire de l’aléa climatique américain. La reprise attendue aux Etats-Unis pour le deuxième trimestre sera-t-elle suffisante pour compenser l’impact du ralentissement de l’économie chinoise ? C’est cela la question des prochains mois. S’il n’y a pas de crise financière en Chine, je pense que la dynamique américaine l’emportera, que l’Europe prendra le relais et que cela se traduira par de nouveaux flux d’échanges qu suivront des circuits nouveaux qui redynamiseront les échanges y compris en Asie.