Verbatim de ma chronique du jour
L’optimisme doit être de mise en zone Euro pour 2015 car la croissance y sera robuste. Aux Etats-Unis la trajectoire de l’économie sera elle aussi soutenue. Cependant, nulle part l’inflation ne pointera son nez. En conséquence, les politiques monétaires vont rester accommodantes.
C’est ce message que je vais délivrer ce matin lors de la présentation de nos perspectives à nos clients.
La zone Euro va disposer d’une dynamique de croissance plus robuste parce que l’environnement change. Et c’est parce que cet environnement change que l’on peut espérer une rupture de trajectoire sur l’activité, l’emploi et les revenus. La baisse de l’euro qui va profiter à l’ensemble des entreprises, France comprise, traduit la politique menée par Mario Draghi à la tête de la BCE et le choix qu’il a fait d’engager une politique monétaire accommodante dans la durée. Associée à une politique d’apport de liquidités dont la finalité est de transférer le risque vers la banque centrale et d’abaisser les taux d’intérêt, il y a là les prémices d’une dynamique plus vertueuse pour l’ensemble de la zone. La baisse du prix du pétrole va accentuer ce mouvement. Les européens vont ainsi largement bénéficier d’un pétrole à 50 ou 60 dollars dans la durée.
Ces impulsions sont la seule façon de remettre l’économie en marche pour éviter qu’elle ne tombe en déflation. Car il est là aussi l’enjeu. Le taux d’inflation va être négatif une grande partie de l’année en raison de la baisse du prix du pétrole. Cependant il faut créer les conditions pour que les autres prix ne prennent pas le même chemin. C’est pour cela que Mario Draghi insiste pour mettre en place toutes les mesures décidées depuis juin dernier et pour mettre en œuvre un Quantitative Easing sur la dette souveraine qui sera probablement annoncé le 22 janvier prochain.
Je pense que ces impulsions vont permettre une rupture de trajectoire pour l’économie de la zone Euro. Il ne faudra cependant pas que les gouvernements deviennent plus restrictifs. Cela serait spontanément contreproductif car réduisant l’impact de la baisse du prix du pétrole ou de l’euro sur l’activité et l’emploi. En outre, dans la période d’incertitude que connait l’Europe et la France plus particulièrement depuis une semaine, une politique restrictive pourrait accentuer l’incertitude, ce qui là aussi serait pénalisant pour l’activité.
2015 sera donc une année charnière.
L’autre élément clé est ce qui se passe aux USA. La Fed a encore du temps pour durcir sa politique monétaire. D’abord parce que le cycle économique, s’il est robuste depuis le printemps dernier, est le plus médiocre constaté depuis l’après-guerre. Les déséquilibres accumulés jusqu’au printemps dernier expliquent l’absence de tensions sur l’appareil productif et sur le marché du travail. Parmi ces déséquilibres le fait que les 25-55 ans sont nettement moins nombreux aujourd’hui à vouloir prendre un emploi. Si la reprise continue une bonne partie d’entre eux reviendra sur le marché pesant ainsi à la baisse sur l’évolution des salaires.
Je ne crois pas que l’inflation reviendra rapidement aux USA et c’est pour cela que la Fed a du temps.