4 point à retenir cette semaine pour suivre la conjoncture économique
Point #1 – Les Etats-Unis vont mieux et l’Europe replonge mais…
Les indices globaux des enquêtes Markit pour la zone Euro et ISM pour les USA montrent à nouveau une trajectoire divergente. En janvier dernier les deux indices étaient identiques; en mars l’indice américain remonte et celui de la zone Euro s’infléchit.
La question que l’on peut dès lors se poser est la suivante: l’économie américaine a-t-telle connu un point bas à la fin de l’année 2015 alors que la zone Euro connaissait au même moment un point haut?
Pas encore ni pour les USA, ni pour la zone Euro
Concernant les USA, la conclusion d’une inflexion rapide à la hausse serait prématurée. D’abord parce que le rebond constatée en mars fait suite à une longue glissade de 6 mois notamment dans le secteur manufacturier. Qu’il y ait une période de stabilisation n’est pas surprenant mais cela n’est pas pour autant forcément un changement de tendance.
Ensuite parce que les données autres du premier trimestre ne suggèrent pas une accélération de l’activité. La consommation des ménages ou les données relatives à l’investissement sont peu dynamiques.
La consommation des ménages est finalement assez peu dynamique en ce début d’année (+1.4% d’acquis à fin février pour le 2ème trimestre (taux annualisé)) alors que le poids de l’énergie est au plus bas depuis 1959 date de démarrage de ces statistiques. (Les dépenses hors énergie ont un acquis (taux annuel) de 1.15% à la fin du mois de février pour le premier trimestre contre une hausse de 3.15% sur l’ensemble de l’année 2015 et une progression de 1.12% au premier trimestre 2015)
En d’autres termes, malgré le repli des dépenses en énergie, le reste de la consommation des ménages a été peu dynamique ces derniers mois. Cela traduit une trajectoire plus limitée des revenus des ménages. Au moment du contrechoc pétrolier (1986) l’impact sur les dépenses avait été très fort, tirant le PIB à la hausse de façon significative.
En outre, la dégradation du commerce extérieur américain va peser lourd sur le chiffre de croissance américain avec une contribution négative.
Avec la hausse des stocks, la Fed d’Atlanta n’a plus qu’une progression de +0.1% en taux annualisé pour le T1. Pour aller dans le même sens, la Fed dans les minutes publiées la semaine dernière, suggérait que les risques étaient plutôt à la baisse de l’activité.
Ce n’est pas le cas pour la zone Euro. Les dépenses des ménages mesurées par les ventes de détail en février ont franchement accéléré. Ce point avait déjà été observé sur la France (voir ici), il se confirme pour l’ensemble de la zone Euro. L’acquis en taux annualisé à la fin février pour le T1 est de 3.6% contre seulement 0.8% de progression au dernier trimestre 2015.
La demande interne est peut être en train de gagner en robustesse donnant une meilleure autonomie de croissance à la zone. La ré-accélération des exportations allemandes en février peut aussi donner des signaux plus favorables sur la croissance. Attention la tendance est toujours peu dynamique malgré le rebond de février.
En d’autres termes, les chiffres sur la zone Euro sont un peu confus avec un repli de l’indice Markit en raison du repli du secteur des services mais dans le même temps des données de demande plus robustes. Cela ne fait malgré tout pas une accélération brutale et violente de l’activité. Cette prudence d’ailleurs se lit dans les minutes de la BCE publiées la semaine dernière.
Point #2 – L’inflation reste modérée en Chine
Le taux d’inflation chinois est resté stable en mars à 2.3%. L’inflation moyenne en 2015 était de 1.4%. L’accélération depuis deux mois des prix alimentaires explique la hausse récente avec une contribution moyenne qui est de 1.5% ces deux derniers mois contre 0.8% en moyenne pour 2015. Les autres prix ont une contribution stable.
Par ailleurs les prix à la production se redressent. Leur repli n’est plus que de -4.3%. Est ce le début d’une normalisation qui inciterait la Banque Centrale à avoir une perception un peu différente de la politique monétaire? Cependant, il y a encore de la marge puisque le taux d’intérêt réel reste très élevé comme le montre le graphe ci-dessous. La banque centrale a encore des marges de repli.
Point #3 – Les minutes de la Fed et de la BCE
Les minutes de la réunion de la Fed des 15 et 16 mars confirment que Janet Yellen est par mi les plus réticentes à remonter les taux d’intérêt de la banque centrale américaine. En mettant en parallèle ces minutes et l’intervention de la présidente de la Fed du 29 mars on constate qu’elle est plus modérée que nombre de ses collègues du comité de politique monétaire. D’une manière générale, l’institution centrale donne le sentiment d’être plus dovish que les présidents des banques régionales.
Cette situation nous conforte dans l’idée d’une politique qui restera très accommodante encore cette année.
Les minutes de la réunion de la BCE des 9 et 10 mars est beaucoup plus neutre dans le ton. Si l’on perçoit une adhésion forte aux mesures proposées par la BCE, il y a quelques réticences. On notera que la BCE n’exclut pas en cas de choc de baisser à nouveau ses taux d’intérêt. Cela ne semble pas cependant la mesure première, elle favorisera l’ajustement par la liquidité.
Point #4 – La production industrielle recule en février en Europe
Les chiffres de février sont désormais connus pour la France, l’Allemagne et le Royaume Uni. Les trois sont en repli mais avec néanmoins des spécificités marquées.
Le repli modéré de l’Allemagne après la forte hausse de janvier se traduit par un acquis à fin février pour le premier trimestre de 6.1% (chiffre annualisé)sur la production industrielle et de +7.9% pour la production manufacturière. Au dernier trimestre 2015, ces indicateurs avaient reculé de -2.2% et -1.8% respectivement. La croissance du premier trimestre devrait être robuste avec un fort effet rattrapage.
Au Royaume Uni, le repli de février après une hausse modeste en janvier se traduit par un acquis négatif de -5.6% pour l’industrie et de -2.6% pour l’industrie manufacturière après une stagnation au T4 pour l’industrie et une hausse de seulement 0.8% pour le secteur manufacturier. Cela pèsera sur la croissance du premier trimestre.
En France, la baisse de février a compensé la hausse de janvier. Cependant, l’acquis est négatif à -2.5% sur l’industrie et -1% sur le secteur manufacturier. Cela vient après des chiffres forts au T4 (+3.6% pour les deux indicateurs). Cela compensera une partie de la hausse de la consommation des ménages observée depuis la fin de l’année 2015 et jusqu’en février (dernière donnée).
Pour la semaine qui s’ouvre
La semaine sera chinoise avec vendredi prochain le PIB du premier trimestre et le détail sur les ventes de détail, la production industrielle et l’investissement. Avant cela le chiffre du commerce extérieur de mars sera connu mercredi et l’inflation lundi (voir plus haut).
Ce sera aussi une semaine avec de nombreuses données d’inflation. L’Allemagne et le Royaume Uni, mardi, la France et l’Espagne, mercredi, et la zone Euro, l’Italie et les USA, jeudi.
Jeudi il y aura la production industrielle en zone Euro pour le mois de février.
Vendredi, ce sont les USA qui livreront leur chiffre de production industrielle mais pour mars alors que mercredi on aura les ventes de détail de mars et le beige book de la Fed.
Réunion à Doha d’une quinzaine de pays producteurs de pétrole (OPEP et non-OPEP) pour éventuellement trouver un accord visant à limiter la production et à stabiliser les prix.
Bonne semaine à tous