Le taux d’inflation s’est inscrit à0.5% en mai pour la zone Euro.
La contribution du pétrole et nulle et celle des produits alimentaires de seulement aussi. La très faible inflation n’est plus une question liée aux matières premières. On peut évoquer un évènement ou un autre pour justifier 0.1% en plus ou en moins chaque mois mais ce n’est pas convaincant. Il faut se rendre à l’évidence: il n’y a pas d’inflation en zone Euro même lorsque l’on ôte l’impact des matières premières.
Compte tenu de l’incertitude des mesures, la probabilité d’être en déflation n’est pas nulle y compris pour l’ensemble de la zone Euro.
Il y a trois phénomènes explicatifs
Le premier est celui d’un manque de pressions sur l’appareil productif. La demande interne est faible et la progression des exportations est très réduite (le surplus vient de la baisse des importations). De ce fait, la pression sur les coûts est inexistante. De ce point de vue, évoquer une réduction des dépenses de l’Etat dans ces conditions est un peu bizarre puisque cela réduira encore davantage la demande adressée aux entreprises. Cela renforcerait les risques de déflation.
Il y a peu de tensions sur les salaires. La faiblesse de la croissance, l’incertitude sur l’emploi et le niveau élevé du chômage n’incitent pas à des revendications excessives. Seule l’Allemagne pourrait aller dans ce sens mais il semblerait que les gains de productivité aient été conservés par les entreprises. Les jeunes qui entrent sur le marché du travail le font dans des conditions dégradées par rapport à leurs ainés.
Le troisième facteur est la stratégie de réduction des coûts mise en oeuvre par les gouvernements afin de regagner de la compétitivité. Ce n’est pas non plus un facteur de pressions à la hausse des coûts et des prix.
Si on rajoute l’euro un peu cher, on ne voit pas bien d’où pourraient venir les pressions inflationnistes.
Et la BCE dans tout cela ?
A la BCE échoit tout ce qui n’a pu être fait par ailleurs. Les 3-4 points évoqués ci-dessus ne sont pas nécessairement de son ressort mais c’est à elle de les résoudre. Autrement dit, chacun, acteur de l’économie ou institution, veut agir pour se prémunir face à une situation qui lui paraît fragile. Il garde du cash comme certaines entreprises ou maintient un taux d’épargne élevé ou essaie de rééquilibre ses finances publiques. La prise en charge du risque c’est pour un autre acteur, en l’occurrence la BCE. Ce serait parfait si celle ci avait effectivement le statut de prêteur en dernier ressort. Mais elle ne l’a pas. L’institut monétaire européen doit donc voler au secours des déséquilibres de toute sorte. Rappelons cependant qu’en matière de politique économique il faut autant d’instruments que d’objectifs. Il y a probablement trop d’objectifs dévolus à la BCE.
Ce n’est pas une excuse mais une explication de l’écart persistant avec la cible de 2% que s’est fixée la BCE pour l’inflation. De ce point de vue, elle aurait probablement pu faire davantage plus rapidement.
La BCE peut tenter de soutenir la demande via le crédit aux entreprises. C’est ce qu’indique Draghi depuis des mois. Mais cela prendra du temps. La BCE peut jouer son rôle et probablement qu’elle le jouera soit dès mercredi, soit un peu plus tard après la publication de l’analyse des situations bancaires (AQR). (lors de la réunion du jeudi 5 seront annoncés des mesures aussi sur les taux et la liquidité mais le dessein de ces mesures porte davantage sur le fonctionnement du marché monétaire)
Mais l’on comprend bien aussi que cela ne sera pas suffisant. Aux USA, la Fed est intervenue massivement mais le reste de l’économie s’est adapté. C’est au moins cela qu’il faut en zone Euro pour espérer retrouver une trajectoire de croissance soutenue. La BCE toute seule n’y parviendra pas.