Verbatim de ma chronique Hebdo
Plusieurs points à retenir cette semaine
Le premier est l’embellie constatée dans les enquêtes européennes auprès des entreprises mais aussi auprès des ménages. L’indice synthétique PMI/Markit, en Février, n’a pas été aussi élevé depuis Juin 2011 et l’indice de confiance des consommateurs pour la zone Euro est à son plus haut niveau depuis septembre 2007
Les acteurs de l’économie retrouvent peu à peu des degrés de libertés avec la baisse de l’euro, des taux d’intérêt et le repli profond du prix du pétrole. Basculer vers une politique de demande a du sens et ces améliorations devraient pouvoir s’accentuer après la mise en place du quantitative easing de la BCE. Cela pourrait accélérer le bouleversement des anticipations.
Dans ces enquêtes on note aussi l’amélioration rapide et forte de l’indicateur d’emploi pour l’ensemble de la zone. Au regard de sa forte corrélation avec la variation trimestrielle effective de l’emploi, on peut s’attendre à un effet positif durable sur l’activité.
On notera aussi que ces enquêtes ne sont pas affectées par les inquiétudes profondes concernant la Grèce. L’enquête ZEW en Allemagne va dans ce sens en progressant rapidement y compris sur les conditions courantes
Le deuxième point porte sur l’accord obtenu par le gouvernement d’Alexis Tsipras pour passer au-delà de l’échéance du 28 février. De ce point de vue, la réunion de vendredi était un succès. Ce n’est pas pour autant que la situation est réglée. Cet accord ne change rien aux engagements des grecs mais ils disposent de 4 mois pour faire des propositions qui leur permettront de mettre en œuvre les mesures qu’ils auront choisies et défendues.
Le cadre est globalement inchangé : le gouvernement grec devra faire pour lundi 23 des propositions de mesures qui devront être acceptées mardi par l’Eurogroup. Les grecs disposeront de degrés de libertés un peu plus élevés dans la gestion du surplus budgétaire hors paiement des intérêts. Ils ont obtenu aussi de ne pas rogner davantage sur les pensions ou de ne pas augmenter la TVA. Cependant, toute mesure non financée pour maintenir l’équilibre global sera refusée.
Chacun estime avoir gagner, espérons que l’Europe n’a pas trop perdu.
L’échéance est de 4 mois mais dès mardi si l’accord de l’Eurogroup n’est pas validé alors la question de la place de la Grèce dans la zone Euro pourrait être à nouveau sur la table.
Aux USA, les données publiées confirment que la fin de l’année est un « soft spot ». Les indicateurs ont été en décembre et janvier nettement moins vigoureux qu’en octobre et novembre. Cela a pu être constaté sur la production industrielle, les enquêtes de des Fed de New York et de Philadelphie pour le mois de février, mais aussi dans l’indice des constructeurs de maisons en février. La dynamique très robuste du cycle économique américain s’estompe. On peut même s’interroger pour savoir si le point haut du cycle actuel n’a pas été touché ?
Dès lors dans un monde sans inflation et ou il existe encore d’importants déséquilibres sur le marché du travail, pourquoi la Fed devrait elle changer de stratégie monétaire rapidement ? Les minutes de la Fed vont dans le sens d’un temps plus long pour décider.
La banque centrale américaine semble avoir repris l’idée qu’une intervention trop tard est surement plus efficace qu’une intervention trop tôt. On aura peut être davantage d’éléments avec l’audition de Janet Yellen au Congrès le 24 février.
On peut rajouter que la hausse du dollar est très rapide depuis juillet et fait le travail de la Fed. Sera t il dans ces conditions nécessaires de durcir la politique monétaire dans les prochains mois ? On peut en douter
La BCE a publié pour la première fois les minutes du conseil des gouverneurs consacré à la politique monétaire. Même si cette réunion spécifique était importante puisqu’elle validait la mise en place du quantitative easing, il faudra lire dans le temps l’évolution des rapports entre les membres du conseil. Il faut pouvoir étalonner les rapports de force avant de tirer des conclusions pour que celles-ci ne soient pas trop hâtives.
Au Japon, les exportations repartent fortement à la hausse depuis deux mois. Les chiffres de décembre et de janvier montrent une rupture de tendance à la hausse. Tant mieux pour le Japon car sa situation interne reste fragile. Au Japon, comme en zone Euro, une impulsion externe est nécessaire pour dynamiser une reprise qui ne peut pas venir spontanément de l’intérieur. La baisse du yen commence peut être à payer.
Le dernier point est le repli très rapide de l’inflation française à -0.4% sur un an en janvier et de -1% sur le mois de janvier. Ce repli mensuel est le reflet des soldes mais le passage en territoire négatif de l’inflation traduit l’absence de pressions sur les prix domestiques. L’indice énergie a une contribution de -0.6% alors que l’ensemble des autres biens ne contribue qu’à hauteur de +0 2%, c ‘est peu.
Il y a une situation qui reste préoccupante car lorsque l’on additionne les contributions des services et des biens hors énergie et alimentaire le chiffre de 0.25% est obtenu, c’est le plus faible depuis août 2000. Si l’on veut parler de déflation c’est cet indicateur qu’il faudra regarder. Il est fort probable qu’en février l’inflation négative va s’accentuer.
Pour la semaine qui s’ouvre on sera attentif d’abord au discours de Janet Yellen le 24 (et le 25) au Congrès américain. Outre le propos d’introduction, ce sont les réponses aux questions des parlementaires américains qui seront les plus intéressantes. On pourrait avoir d’avantage d’informations sur la politique monétaire de la Fed
On aura aussi le détail de l’inflation en zone Euro. On aura aussi l’inflation aux USA, jeudi, l’IFO en Allemagne lundi et l’indice du climat des affaires en France (mardi). En France on aura mardi la confiance des consommateurs et les inscriptions au chômage et vendredi les dépenses des consommateurs français en janvier.
Bonne semaine