Verbatim de ma chronique hebdo
Plusieurs éléments à retenir cette semaine
Le premier est le ralentissement des créations d’emplois aux Etats-Unis. Au mois de mars, seulement 126 000 emplois ont été créés contre 264 000 en février. Les chiffres de janvier et février ont été révisés de telle sorte que ce sont 69 000 emplois en moins qu’il faut compter sur ces deux mois. Dans un passé récent, les révisions se faisaient plutôt à la hausse. Sur l’ensemble du trimestre, moins de 200 000 emplois, 197 000 exactement, ont été créés par mois contre 324 000 sur les trois derniers mois de 2014. On relève notamment que dans les services aux entreprises le nombre des emplois nouveaux a été divisé par 2 sur le trimestre par rapport aux trois derniers mois de 2014 et que dans le secteur manufacturier le chiffre moyen est passé de 29 000 au 4ème trimestre à 6 000 au premier trimestre.
Le taux de chômage est resté stable à 5.5%. Le taux de salaire dans le secteur privé est stable à 2.1% soit l’évolution moyenne observée lors des 12 mois précédents.
Le chiffre de l’emploi qui est, rappelons le, un indicateur retardé, a une allure plus cohérente avec les autres éléments macroéconomiques du premier trimestre. Une inflexion avait déjà été observée sur la consommation, les ventes de détail, la production industrielle ou encore les commandes de biens d’équipement. Avec ces éléments la Fed d’Atlanta a révisé sa prévision du PIB à 0% en se référant effectivement à ces chiffres publiés.
Aux Etats-Unis encore, les indices ISM ne contredisent pas ces tendances. L’indicateur du secteur manufacturier ralentit à 51.5 en mars. De la sorte, la moyenne du trimestre ressort à 52.6 contre 56.9 au dernier trimestre de 2014. Le ralentissement des commandes est l’élément significatif de cette inflexion. Dans le secteur non manufacturier l’indice s’est établi à 56.5 avec une moyenne de 56.7 sur les 3 premiers mois de 2015 contre 57.4 au 4ème trimestre 2014.
L’indice ISM global qui est une moyenne des deux indices manufacturier et non manufacturier s’est inscrit à 55.7 en mars contre 56.2 en février. Sur le trimestre, les chefs d’entreprise américains perçoivent une inflexion avec un indice moyen à 56 contre 57.3 sur les trois derniers mois de 2014.
Là aussi les signaux concernant l’activité sont moins dynamiques
Cela oblige forcément et une fois encore à s’interroger sur la rapidité parfois envisagée d’une remontée des taux de la Fed alors que le dollar est cher. La baisse des commandes à l’exportation nettement sous le seuil de 50 dans l’enquête manufacturière devrait suffire à convaincre de l’impact d’un billet vert qui est devenu cher.
Les effets climatiques n’expliquent pas tout. Dans le rapport sur l’emploi, les personnes pénalisées par les évolutions climatiques pour avoir un emploi ou pour s’y rendre ne sont pas en nombre excessif. Ce n’est pas cela qui crée la rupture sur l’ensemble des Etats-Unis : au nord-est peut être mais pas sur l’ensemble des Etats-Unis. La question qui reste posée est celle de savoir si le premier trimestre traduit une inflexion temporaire de l’activité avec une reprise au printemps ou s’il s’agit d’une inflexion du cycle qui a démarré à l’été 2009 avec une croissance plus modérée à venir au cours des prochains mois. Cette dernière hypothèse n’est pas à exclure.
Le graphique montre que le taux des fed funds et les salaires captent la dynamique cyclique de l’économie américaine. Pour l’instant elle n’est pas suffisamment robuste pour valider une hausse des taux de la Fed (voir ici)
En Europe, l’indice Markit du secteur manufacturier est en hausse à 52.2 en mars soit un chiffre supérieur à celui de l’ISM manufacturier américain. A l’exception de janvier 2014 où les Etats-Unis étaient bloqués sous la neige c’est la première fois que le chiffre européen est plus élevé depuis la crise de 2008. Ce sont l’Irlande, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne qui tirent l’indice européen vers le haut. La France est en retrait avec un indicateur qui reste sous le seuil de 50.
La dynamique des commandes est robuste et devrait se traduire dans les mois qui viennent par une amélioration significative de la production industrielle.
La différence majeure entre les pays en progression et la France est que les premiers relèvent une accélération significative des commandes à l’exportation alors qu’en France elles continuent de ralentir. Les entreprises françaises tardent à capter les signaux qui visiblement se manifestent pour l’ensemble des entreprises de la zone Euro. C’est là-dessus qu’il faut travailler rapidement car c’est un élément clé de la reprise attendue en 2015
En zone Euro le taux d’inflation est revenu à -0.1% en mars contre -0.3% en février. La contribution de l’énergie s’est réduite à -0.6% contre -0.8% en février. Mais l’inflation sous-jacente continue de ralentir et s’est inscrite à 0.6% en mars. Les tensions sur les prix restent limitées en zone euro. La BCE ne doit pas relâcher la pression.
Pour la semaine qui s’ouvre
Le point majeur sera l’indicateur des ventes de détail en zone euro pour le mois de février. Le chiffre sera publié mercredi 8 et sera espérons le dans la dynamique haussière constatée depuis la fin 2014.
En zone euro aussi on disposera des commandes à l’industrie allemande, mercredi, et de la production industrielle allemande, jeudi, et française et anglaise vendredi
Les minutes de la dernière réunion de la Fed seront publiées mercredi et la banque d’Angleterre se réunira jeudi mais aucun changement n’est attendu. Du côté des banques centrales on attend, mardi, des décisions en Australie mais pas en Inde.
Jeudi l’évolution des prix en Chine montrera si le risque de déflation s’accentue.
Bonne semaine