9 points à relever cette semaine pour suivre la conjoncture globale
Point #1 – La conjoncture globale reste peu dynamique
Les enquêtes Markit et ISM suggèrent que le mois de mai n’est pas franchement celui du renouveau.
L’indice mondial calculé par Markit retombe à 50 contre 50.1 en avril. Cela indique que l’activité a évolué au même rythme en mai qu’en avril.
Les pays développés ont des allures contrastées. L’indice ISM aux USA s’améliore passant de 50.8 à 51.3. La hausse ne provient cependant que de délais de livraison qui sont plus lents. Les flux de commandes sont stables et la production progresse un peu moins rapidement qu’en avril. Il n’y a pas eu d’accumulation de stocks puisque le ratio nouvelles commandes sur stocks est stable un peu au-dessus de 1.2. En revanche l’indice Markit pour les USA est stable à 50.7 contre 50.8 en avril. Le plus étonnant est le repli supplémentaire de l’indice japonais. Cela est cohérent avec le recul, en tendance, de la production industrielle nippone. L’indice britannique s’est stabilisé peut être avec le sentiment, en mai, que le maintien du Royaume Uni dans l’Union Européenne s’affirmait?
Les indices émergents sont stables, au même niveau, un peu inférieur à 50, qu’en avril.
Au sein des pays émergents, le Brésil rechute encore violemment alors que la situation russe s’améliore. On ne peut pas exclure que pour la Russie cela traduise l’impact d’un prix du pétrole plus élevé. L’indice chinois reste déprimé à 49.2. L’indice officiel est à 50.1. Pas de renouveau du côté chinois.
Point #2 – Les indices globaux s’ajustent à la baisse
Les indices globaux calculés aux USA et en zone Euro pour l’ensemble de l’économie ne s’améliorent pas en mai. L’indice américain est en repli net en raison du recul de l’indice non-manufacturier à 52.9 en mai contre 55.7 en avril. Les flux de commandes, la production et l’emploi reculent nettement en mai. La hausse de mars avril semble n’avoir été que temporaire.
L’indice de la zone Euro est un peu moins dynamique mais sans la rupture observé aux USA. La composante service se replie légèrement en zone Euro à 52 contre 52.25 en avril.
Pas d’accélération forte de l’activité au T2.
Point #3 – La BCE dans la mise en œuvre de sa stratégie
Il n’y a pas eu d’annonce fracassante de la part de la BCE lors de sa réunion du 2 juin. Le programme d’achat d’obligation corporates débutera le 8 juin et le TLTRO le 22 juin.
Pour l’instant elle observe, maintient et met en place son action dans la durée.
Peu de changements dans les prévisions faites par la BCE pour 2016, 2017 et 2018. C’est ce que montre le graphe qui reprend les prévisions depuis les premiers chiffres relatifs à 2015.
Point #4 – L’emploi du mois de mai est décevant aux USA
Seulement 38 000 emplois ont été créés en mai et les chiffres de mars et avril ont été révisés à la baisse. De la sorte, depuis le début de l’année 150 000 emplois sont créés chaque mois en moyenne contre 219 000 sur la même période (5 mois) en 2015. C’est ce que l’on voit sur le graphe
Ce changement est important car il montre une décélération de la dynamique américaine. L’idée que les entreprises avaient trop embauché et qu’elles ajustent aujourd’hui le niveau d’emploi est farfelue. Si les entreprises réduisent l’emploi c’est que leurs anticipations sont moins robustes que par le passé. Cela traduit une possible inflexion à venir de l’activité
On voit bien sur le graphe que la dynamique s’infléchit secteur par secteur. A l’exception de l’éducation et la santé mais aussi de l’emploi public, les résultats sont plus faibles qu’au cours des trois derniers mois. Dans le secteur manufacturier le repli est aussi moins important que de février à avril mais le chiffre reste négatif.
Le taux d’emploi ralentit mais reste néanmoins au dessus de la moyenne observée en 2015
Le taux de salaire reste à 2.5%. C’est un peu plus fort que par le passé mais pas suffisant pour déclencher une dynamique inflationniste significative.
Ce rapport sur l’emploi ne plaide pas pour un changement rapide de stratégie du côté de la Fed. L’éventuelle hausse de juin est à remiser. De plus le Beige Book qui est la note de conjoncture de la Fed n’apparait pas très optimiste et ne valide pas spontanément un changement de politique monétaire. On verra pour juillet selon les données économiques.
(plus de détail ici)
Point #5 – La consommation américaine est robuste en avril
Comme le montre le graphe ci-dessous la consommation s’est accélérée en avril de façon significative. Les dépenses des ménages avaient augmenté de 1.9% (taux annualisé) au premier trimestre, la hausse d’avril engendre un acquis de 3%. Sera-ce durable est la question après les chiffres dégradés de l’emploi pour mai?
Point #6 – L’inflation reste réduite
L’estimation avancée de l’inflation en zone Euro est ressortie à -0.1% après -0.25% en avril. Cela s’explique principalement par une contribution un peu moins négative de l’énergie.
L’inflation en mai est à -0.1% en France (-0.2% en avril), à -1% en Espagne,; -0.3% en Italie et 0.1% en Allemagne. Aux USA l’indicateur suivi par la Fed remonte un peu à 1.1%.
Nulle part il y a de changement. Les questions posées par l’absence d’inflation restent les mêmes et ennuient toujours les banquiers centraux.
Point #7 – La consommation japonaise se stabilise en avril.
Cela reste faible quand même. Heureusement le premier ministre Abe a repoussé la prochaine hausse de la TVA à 2019.
Point #8 – La croissance française révisée à la hausse
Le PIB français du premier trimestre 2016 a été nettement révisé à la hausse. Sa progression avait d’abord été estimée à 0.54% (2.2% en taux annualisé). Elle a été révisée à 0.65% (2.6% en taux annualisé).
L’acquis est de 1.1% et l’atteinte de l’objectif de 1.5% pour l’ensemble de l’année 2016 suppose une croissance de 0.25% (non annualisé) durant chacun des trois derniers trimestres de 2016. Cela parait atteignable.
La révision s’est faite sur une période plus longue que le seul premier trimestre 2016. On le voit sur le premier graphe mais aussi lorsque l’on regarde le PIB en niveau (2ème graphe).
La période 2011 – 2014, qui avait une progression trimestrielle plutôt homogène avec un chiffre moyen de 0.4%, a été révisée à la hausse (0.53%). Le profil a changé avec une période quasi horizontale en 2011 et 2012 puis une amélioration plus marquée que dans l’estimation précédente à partir de 2013..
C’est l’investissement qui a été nettement révisé en hausse au premier trimestre, notamment du côté des entreprises mais surtout il y a une amélioration de l’investissement logement (la première estimation était négative). Le marché de l’immobilier bouge. Les exportations ont aussi été révisées à la hausse alors que la consommation était un peu moins vive.
Point #9 – Le PIB du Brésil continue de se contracter même si c’est à un rythme plus réduit
Le repli n’est que de -0.3% au premier trimestre (non annualisé) mais l’acquis pour 2016 est à -2.6% à la fin du premier trimestre. Cela reste très fragile. L’indice Markit vu plus haut ne permet pas d’imaginer un changement de tendance avec rattrapage de l’activité. Au contraire…
Pour la semaine qui s’ouvre
Le point important sera le discours de Yellen le 6 juin. Quel signal donnera-t-elle après la publication enthousiaste des minutes de la dernière réunion de la Fed mais aussi après les chiffres plus mitigés de l’emploi?
La semaine sera chinoise avec la publication à partir de mercredi de la litanie des chiffres chinois: d’abord le commerce extérieur puis l’inflation jeudi et les indicateurs d’activité (ventes de détail, production industrielle, investissement) vendredi
Mardi il y aura le détail du PIB de la zone Euro pour le premier trimestre et le chiffre final pour le PIB japonais
Lundi seront publiées les commandes à l’industrie allemande et mardi l’indice de la production industrielle en Allemagne et en Espagne pour le mois d’avril puis celle du Royaume Uni mercredi et celle de la France et de l’Italie vendredi.
Bonne semaine à tous