Les entreprises s’attendent à un net ralentissement des prix au cours des prochains mois. Cela se traduira par une inflexion dans la hausse des salaires.
Dès lors, la question de l’inflation change de nature. L’absence de crise énergétique supplémentaire sera l’élément clé pour cette stabilisation de la hausse des prix. C’est une hypothèse que j’ai faite dans un post récent sur le prix du gaz. Cela pourra avoir un côté contrechoc pétrolier comme en 1985/86.
Le 25 mai étaient publiés l’indice des salaires négociés en zone Euro, l’enquête IFO en Allemagne et l’enquête sur le climat des affaires en France.
Les salaires négociés augmentent de 4.3% au premier trimestre 2023. C’est la progression la plus rapide depuis que cette mesure est publiée.
La relation la plus pertinente en lien avec l’inflation de la zone euro est de faire l’hypothèse que les négociations salariales s’ajustent avec retard sur l’évolution des prix. Quand les changements de prix sont importants, la négociation ne se cale plus principalement sur les anticipations d’inflation mais s’ajuste sur les évolutions passées d’où ce décalage entre la dynamique de l’inflation et les salaires qui s’adaptent avec retard. La logique est celle d’un rattrapage des salaires par rapport aux prix.
La négociation habituelle calée sur les anticipations d’inflation, stables généralement, n’est plus aussi pertinente.
Si l’inflation ralentit au cours des prochains mois, comme le suggère la courbe pointillée sur le graphe, le point haut des salaires n’est pas très éloigné.
L’inflation est passée du côté des entreprises
Les enquêtes menées par l’IFO en Allemagne et l’Insee en France suggèrent que, pour les entreprises, le point haut de l’inflation est passé. Sur les deux graphes j’ai calé l’évolution attendue des prix tirée des enquêtes (j’ai pris la moyenne des attentes par secteur avancée de 4 mois) comparée à l’allure de l’inflation.
Dans les deux pays, la relation est bonne. Les points de retournement sont les mêmes et il n’y a pas de faux signaux.
En Allemagne, l’enquête pointe vers une rapide réduction de l’inflation tout au long des prochains mois.
En France, le signal est le même.
Les entreprises s’attendent à ce que l’inflation ralentisse franchement au cours des prochains mois.
Elles constatent une baisse du prix des matières premières et s’attendent à négocier des contrats d’énergies à des prix beaucoup plus bas que l’an dernier. Dès lors, leurs marges leurs permettront de franchement ralentir les hausses de prix tout en augmentant un peu les salaires. Cette capacité à ajuster les prix à la baisse relancera des effets de concurrence.
Si l’inflation ralentit parce que les prix de l’énergie sont plus bas, la hausse des salaires négociés sera plus réduite que ce qui est observé aujourd’hui.
La dynamique nominale convergera vers une allure plus stable.
Cela a un côté contrechoc pétrolier de 1985/86. Ce peut être alors une bonne nouvelle pour la conjoncture de la zone Euro.