Quelques heures après la victoire de D. Trump, Scholz a limogé son ministre des Finances, Christian Lindner du FDP, et a ouvert la voie à des élections anticipées.
Le désaccord entre Scholz et Lindner était simple. Scholz a insisté sur le fait qu’un déficit budgétaire plus important était essentiel pour permettre à l’Allemagne de fournir de l’aide à l’Ukraine (surtout compte tenu de la victoire de Trump), d’accroître les investissements dans les infrastructures en ruine du pays et de financer davantage de subventions aux industries qui souffrent des coûts élevés de l’énergie.
Mais Linder a refusé de s’endetter davantage. La constitution limite le déficit structurel à 0,35 % du PIB par an – l’équivalent, aujourd’hui, de quelque 9 milliards d’euros. Ce frein à l’endettement n’est pas absolu mais Linder ne voit pas de justification suffisante pour le supprimer aujourd’hui même si l’Allemagne entre dans sa deuxième année de récession..
Les élections sont prévues en février.
Friedrich Merz, leader du CDU, semble bien placé pour l’emporter. Mais s’il veut sortir l’Allemagne de sa profonde crise structurelle, il devra se concentrer sur quatre domaines clés.
Le premier est le frein à l’endettement. Bien que cette règle, introduite par la CDU en 2009 sous la présidence de Merkel, contribue à maintenir la stabilité des finances publiques allemandes, elle limite également la capacité du gouvernement à investir dans l’avenir et à réagir rapidement et efficacement aux crises émergentes.
La deuxième priorité du prochain gouvernement allemand doit être la réforme structurelle. Des mesures sont nécessaires dans de nombreux domaines, notamment l’éducation, les infrastructures, l’administration publique, l’immigration et les transitions numérique et énergétique – tous des domaines qui souffrent depuis longtemps d’une négligence politique ou d’une réglementation excessive.
Il y a ensuite l’Union européenne. Les marchés financiers et les entreprises européennes n’ont pas l’envergure nécessaire pour rivaliser avec leurs homologues américains et chinois. Le prochain gouvernement allemand doit faire face à cette faiblesse – guidé par les recommandations récentes des rapports de M.Draghi et d’E.Letta – avant que la montée du populisme dans les États membres de l’UE ne rende toute avancée impossible.
Enfin, le prochain gouvernement allemand doit agir avec force pour renforcer la sécurité nationale. À cette fin, il doit créer un conseil de sécurité nationale et doit augmenter considérablement ses dépenses de défense – bien au-delà du seuil de 2 % du PIB requis par l’OTAN. Et elle doit améliorer la coordination entre les forces européennes. Plutôt que d’attendre que Trump lui fasse signe, l’Allemagne, de concert avec la France, doit prendre l’initiative de faire de la souveraineté stratégique européenne une réalité.
Source: Project Syndicate Helmut K. Anheier Lien https://bit.ly/3CGQYns