Verbatim de ma chronique hebdo
Plusieurs points à retenir cette semaine
Le premier est l’évolution de la situation en Grèce puisque le mercredi 11 février le nouveau gouvernement devra présenter son plan aux membres de l’Eurogroup. Il va falloir beaucoup de talents à Yanis Varoufakis pour convaincre les ministres des finances qu’il n’y aura pas de renouvellement de la procédure actuelle et qu’un arrangement devra être trouvé d’ici au mois de juin pour un nouveau contrat de la Grèce au sein de la zone Euro.
Les rencontres de la semaine passée avec les gouvernements européens n’ont pas provoqué un support fort notamment en Allemagne. La rencontre avec Wolfgang Schauble s’est terminée par une fin de non-recevoir.
La réunion du 11 va être d’autant plus compliqué que le dimanche 8 au soir le premier ministre Alexis Tsipras a déclaré maintenir la hausse programmée du salaire minimum en 2016, la réduction d’une taxe sur l’immobilier et vouloir augmenter le seuil minimal d’imposition. Tous ces éléments traduisent le souhait de ne plus rentrer dans la dynamique contrainte fixée par la troïka.
La BCE avait, mercredi, posé de nouvelles conditions et créé de nouvelles pressions après l’impossibilité faite aux banques de se refinancer directement auprès d’elle via les dettes émises ou garanties par le gouvernement. La réactivation de la procédure d’urgence ELA et l’augmentation des montants acceptés devraient permettre le refinancement du système bancaire même à un cout plus élevé.
La semaine de ce point de vue va être particulièrement importante. L’absence d’accord sur un report pourrait se traduire le 28 par le non renouvellement du soutien financier à la Grèce et de fait par l’impossibilité pour les banques de se refinancer puisque même la procédure ELA deviendra inopérante.
Si cela était le cas, la Grèce devrait trouver le moyen de créer sa propre monnaie pour fonctionner et de fait se retrouverait en dehors de la zone euro.
Il faut trouver un accord car le risque est trop important. Une sortie de la Grèce de la zone Euro créerait les conditions d’un démantèlement de la zone Euro et cela personne ne peut le souhaiter, même en Allemagne, car cela provoquerait une situation d’incertitude très forte qui plongerait la zone euro dans une crise profonde et durable.
Le deuxième élément clé de la semaine est l’amélioration de l’emploi aux USA. Les chiffres ont été forts en janvier (+257 000) et les révisions à la hausse très marquées en novembre et décembre. Cela confirme le changement de modèle de croissance depuis avril 2014.
Le point majeur est l’accélération du retour sur le marché du travail de ceux qui étaient découragés. Les personnes qui ne pensaient plus trouver d’emplois et qui étaient sortis des statistiques reviennent sur le marché du travail. Cela explique la hausse du taux de chômage mais c’est un signal très positif. Il traduit l’idée qu’effectivement le marché du travail retrouve une allure plus robuste à moyen terme.
On le note aussi par la hausse du taux d’emploi des 25-55 ans même si celui ci reste 2.8 points au dessous du niveau du point haut du cycle précédent de janvier 2008. La hausse de cet indicateur ne va pas provoquer de tensions sur les salaires.
Cette renaissance du marché du travail n’est pas encore suffisamment avancée pour provoquer des tensions sur les salaires. Le salaire moyen du secteur privé n’augmente que de 2.2%. Si les éléments d’amélioration observés sur le marché du travail se confirment alors les pressions pourront s’intensifier. Mais il y a encore du temps et cela ne doit pas forcer la Fed à intervenir rapidement.
Cependant, les enquêtes publiées par Markit et ISM ne présentent pas une dynamique haussière. L’indice mondial du secteur manufacturier est stable sans source de rupture à la hausse. Cela ne devrait pas traduire une accélération de l’activité globale ni une hausse des échanges dans le commerce mondial. On notera que les indices des pays industrialisés sont stables, que l’indice chinois continue de se situer sous le seuil de 50 et l’indice russe a plongé validant un peu plus l’idée d’une récession là-bas. L’indice ISM aux USA ralentit rapidement, probablement un effet de court terme de la baisse du prix du pétrole. Cela brouille les cartes notamment dans le secteur énergétique créant de l’attentisme.
Les indices composites prenant en compte les secteurs manufacturier et de services sont stables aux USA dans une zone compatible avec une croissance robuste. Cet indicateur est en amélioration en zone Euro s’inscrivant nettement en territoire positif.
En zone Euro on soulignera la hausse des ventes de détail en décembre. Ce n’est pas anecdotique car la progression de ces ventes durant le 4ème trimestre est la plus forte depuis le 4ème trimestre2006. La situation est peut etre enfin en train de changer du côté du consommateur européen. L’effet de la baisse du prix de l’énergie est peut-être la clé.
C’est un signal positif pour les chiffres du PIB du dernier trimestre 2014 qui seront publiés vendredi prochain
On notera aussi que dans la dynamique des commandes à l’industrie en Allemagne celles provenant de la zone Euro s’améliorent sur l’ensemble du trimestre et celles provenant des entreprises allemandes sont plus robustes. Enfin!!!.
Pour la semaine qui s’ouvre on sera attentif aux réunions européennes des 11 et 12 février. La première est celle des ministres des finances, la seconde des chefs de gouvernement. Le sort de la Grèce va s’y jouer.
On aura vendredi prochain les chiffres du PIB du dernier trimestre 2014 en zone Euro, en Allemagne, en France et dans la plupart des pays de la zone. On aura aussi le rapport sur l’inflation au Royaume Uni (jeudi), les ventes de détail aux USA (jeudi), l’emploi en France au dernier trimestre 2014 (vendredi) et les indicateurs de production industrielle en Europe.
Bonne semaine