Verbatim développé de ma chronique audio du matin
Que faut-il retenir de la semaine écoulée?
En matière économique, la publication d’un taux d’inflation négatif en zone Euro doit pousser la BCE à adopter une stratégie encore plus accommodante probablement dès le 22 janvier (ce que suggèrent les diverses déclarations de la BCE à quelques rares exceptions).
Le taux d’inflation pour le mois de décembre s’est inscrit à -0.2%. Le passage en territoire négatif reflète la chute profonde du prix de l’énergie. Cependant aucune des autres composantes n’a pu contrecarrer ce repli puisque les biens et l’alimentation y compris l’alcool et le tabac ont chacun une contribution nulle. Ce mouvement de repli du taux d’inflation ne va pas s’arrêter puisque sur les 10 premiers jours de janvier le prix de l’or noir a continué de chuté. La contribution de l’énergie sera encore plus négative en janvier (elle était à -0.7% en décembre et pourrait tendre vers -1% en janvier). D’une manière générale, le taux d’inflation va rester un bon moment en territoire négatif au cours de l’année 2015 en raison du maintien d’un prix bas de l’énergie. Le graphique illustre cet aspect.

Le deuxième point est l’impact des attentats de Paris sur la conjoncture. L’amélioration attendue de la croissance en 2015 via la baisse de l’euro, du pétrole et en raison de la politique monétaire très accommodante de la BCE sera-t-elle remise en cause? Les expériences américaine du 11 septembre 2001, espagnole du 11 mars 2004 et britannique du 7 juillet 2005 ne le suggèrent pas. Dans les trois cas, l’impact macroéconomique a été limité. Les USA qui étaient en récession en septembre 2001 sortent de celle-ci dès le mois de novembre, en Espagne et au Royaume Uni le profil du PIB, autour de la période des attentats, ne semble pas affecté. Le rôle du gouvernement dans ces périodes est de réduire l’incertitude provoquée par les attentats. Il doit en même temps adopter une stratégie budgétaire plus souple. Cela doit aussi être le cas de la banque centrale. Il ne faut pas qu’une éventuelle réduction de la demande des acteurs privées devienne pénalisante, d’où le soutien à apporter à la demande. Cela permet en outre de réduire rapidement l’incertitude et l’inquiétude. La question est la même à Paris. Le gouvernement doit continuer de supporter la reprise et profiter de l’élan national généralement observé durant ces périodes.
Le troisième point est que la dynamique de la zone Euro reste limitée. Cela a pu être observé sur les chiffres de production industrielle du mois de novembre. En Allemagne l’acquis pour le dernier trimestre à la fin novembre est, en taux annualisé, de +1.6%, il est de -3.7% en France, de -0.8% en Espagne et de 0.1% en Grande Bretagne. Les chiffres de la zone Euro et de l’Italie ne sont pas encore disponibles. A l’exception de l’Allemagne qui rebondit légèrement, les autres chiffres montrent une situation précaire, notamment en France où le repli de la production industrielle devrait se traduire par une stabilisation au mieux du PIB au dernier trimestre (il pourrait être négatif car l’accumulation des stocks au T3 avait été importante).

Le quatrième point est la stabilisation de l’indice PMI/Markit pour l’ensemble de l’économie de la zone Euro. L’indicateur calculé comme la moyenne pondérée par l’emploi des indices synthétiques des secteurs manufacturier et non manufacturier revient juste au-dessus du seuil de 50 à 50.2. Pour le trimestre il s’inscrit à 50.1 contre 51.5 au 3ème trimestre. Cela suggère un ralentissement du PIB de la zone par rapport au chiffre de 0.2% (non annualisé) du 3ème trimestre.
On notera aussi la légère remontée de l’indice de confiance des consommateurs en zone Euro et la hausse des dépenses des ménages. Pour le 4ème trimestre l’acquis pour les ventes de détail ‘en volume) est de 2.4% à la fin du mois de novembre. Ce chiffre doit se comparer à la progression de simplement 0.45% au cours du 3ème trimestre (taux annualisé). La baisse du prix de l’énergie va accentuer ce phénomène.
(On relèvera aussi la remontée de l’indice de confiance des ménages en France. Le niveau n’est pas encore élevé mais il y a là peut-être une rupture à la hausse.
Aux Etats-Unis, l’indice ISM global présente une dynamique toujours forte mais moins vive qu’en octobre et novembre. Cela reflète l’inflexion des deux composantes des secteurs manufacturier et non manufacturier. Il s’est inscrit à 56.1 contre 59.2 en novembre et sa moyenne est de 57.6 sur le dernier trimestre contre 58.7 pour les mois d’été. La dynamique reste robuste malgré tout.

Globalement cela se traduit, pour l’ensemble de l’année 2014, par la plus forte progression de l’emploi depuis 2000. La hausse est de 1.85%. Le taux de chômage se replie à 5.6% (5.8% en novembre). C’est le chiffre le plus faible depuis juin 2008. Il s’explique en partie par la baisse, à nouveau, du taux d’activité. Néanmoins les tensions sont encore réduites sur le marché du travail. Le taux d’emploi reste très en dessous de ce qu’il était au pic du cycle précédent (décembre 2007) et le profil de ce taux d’emploi est bien en retrait par rapport aux périodes antérieures.


Pour la semaine qui s’ouvre, l’élément clé portera sur l’évolution des prix. On disposera du détail des prix pour la zone Euro et l’évolution pays par pays. Cela permettra certainement de constater que l’inflation française est passée négative. On disposera aussi de l’inflation britannique qui va nettement ralentir (au-dessous de 1%) mais de l’inflation américaine en net inflexion aussi du fait de la baisse du prix de l’énergie.
On aura aussi un éclairage sur la conjoncture américaine avec le Beige Book (mercredi), les enquêtes Empire State et Phylli Fed pour Janvier, la production industrielle (jeudi pour toutes) et les ventes de détail pour décembre (mercredi)
Enfin on disposera d’une première estimation du PIB 2014 en Allemagne (jeudi), de la production industrielle en zone Euro (mercredi), du solde du commerce extérieur de la zone Euro (jeudi) et le solde du commerce extérieur chinois (mardi)
Bonne semaine

